L’interdépendance économique entre le Maroc et Israël va bien au-delà des chiffres de la balance commerciale, selon Einat Levi, spécialiste des relations israélo-marocaines, qui s’exprimait dans l’émission «Maghreb» diffusée sur I24NEWS. Cette relation s’inscrit dans une perspective plus large de complémentarité et d’alignement stratégique entre les deux nations, qui profitent d’une dynamique d’échange unique. «Le Maroc, avec sa capacité grandissante à l’exportation, se complète parfaitement avec Israël et son réservoir technologique avancé», a-t-elle souligné.
Selon Einat Levi, ces dernières années ont connu une augmentation significative des échanges commerciaux entre Israël et le Maroc. En 2022, les échanges entre les deux pays ont atteint 180 millions de dollars. Mais cette relation reste asymétrique, car le Maroc exporte davantage qu’Israël.
La consultante explique cela par le manque de structures solides encadrant les échanges commerciaux entre les deux pays. L’absence d’accords douaniers, de conventions fiscales et de protection des investissements constitue un obstacle à surmonter pour «rendre ce réseau commercial attrayant et bénéfique pour les deux parties».
Les économies israélienne et marocaine sont complémentaires, a poursuivi Einat Levi. Le Maroc, en pleine évolution industrielle dans l’automobile, l’aéronautique, l’aérospatial et les énergies renouvelables, pourrait profiter des technologies israéliennes pour propulser le «Made in Morocco» sur la scène internationale.
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Inversement, l’économie marocaine séduit Israël sur deux plans majeurs. D’une part, le Royaume offre une passerelle vers le marché africain, riche en opportunités mais redouté par Israël. D’autre part, un aspect «plus intime» est évoqué par Levi: les Israéliens cherchent aussi à tisser des liens avec le Maroc, berceau de leurs grands-parents.
En matière de culture commerciale, la rencontre entre le pragmatisme israélien et la prudence marocaine crée une dynamique productive. Einat Levi note que «les Israéliens sont plus audacieux, ils n’attendent pas d’invitation, ils viennent et cherchent les opportunités. Les Marocains sont plus prudents. Ils se projettent sur le long terme et essaient d’éviter les erreurs.»
Un flux touristique encore en déséquilibre
Le domaine touristique, cependant, dévoile une asymétrie flagrante. Einat Levi reconnaît que l’écart entre le nombre d’Israéliens visitant le Maroc et le nombre de Marocains se rendant en Israël est principalement dû à la lourdeur des procédures de visa. «Nous devons améliorer ce processus, car il y a un grand potentiel de bonnes relations entre les citoyens des deux pays», déclare-t-elle.
Les défis sont nombreux, mais l’optimisme prévaut. Il reste à renforcer les accords et les échanges, à faciliter les procédures administratives et à promouvoir une plus grande réciprocité dans tous les domaines, du commerce au tourisme, en passant par les relations culturelles. Le voyage, semble-t-il, ne fait que commencer.