Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, est venu au Maroc avec plein de projets de coopération à même de relancer les relations entre les deux pays. Au cœur de tous les enjeux, la question de la décarbonation de l’économie. Et parmi les options qui se présentent au Maroc, il y a le nucléaire. Sur ce registre, la France est prête à accompagner le Maroc, indique le magazine Challenge.
«J’ai également mis sur la table la possibilité d’une coopération dans le domaine de la production d’énergie nucléaire. Vous savez qu’à la demande du président de la République, nous travaillons sur ces fameux SMR, des réacteurs modulaires de plus petite taille. Au gouvernement marocain de décider s’il peut être intéressé par cette coopération», a annoncé à ce propos Bruno Le Maire, repris par l’hebdomadaire.
Il se trouve que le Maroc accorde une attention particulière aux petits réacteurs modulaires du fait de leurs nombreux avantages, notamment leur adaptabilité, comme l’avait déclaré en septembre Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable.
Véritable stratégie d’Etat au Maroc, le dessalement de l’eau de mer est le secteur qui pourra en tirer le plus profit. Même si la technologie du dessalement est une alternative au stress hydrique, «la question du coût de l’énergie est un défi. Et aujourd’hui la source d’énergie nucléaire semble être une alternative», lit-on.
Cela étant, il y a des limites à juguler. Cité par Challenge, l’expert en énergie Amine Bennouna, explique que si le Maroc se dote d’une centrale nucléaire, chaque réacteur nucléaire conventionnel aura une puissance voisine de 1.000 MW qui, avec 6.600 GWh permettrait d’alimenter 8 stations comme celle de Casablanca, ce qui est trop pour le Maroc d’aujourd’hui quel que soit le prix du kWh. «Les petits réacteurs modulaires (SMR) qui permettraient d’assurer une puissance de 122 MW n’existent encore qu’au stade expérimental…Et il n’y a encore aucune information fiable sur le coût de l’électricité qui serait produite», lit-on encore.
De son côté, l’expert en durabilité, Omar Beniacha, oppose que cette technologie a des coûts énormes. «Ceci étant il faut reconnaître que l’énergie nucléaire est un bon moyen pour réduire le coût du dessalement et avoir évidemment un dessalement propre. En termes de timing je ne pense pas que cette ambition est pour aujourd’hui puisque la priorité qui affiche au plus haut sommet de l’État c’est d’avoir une offre hydrogène vert», explique-t-il.