Maroc: face à l’incertitude, comment la relance économique s'annonce-t-elle?

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La reprise de l’économie nationale a été au cœur du débat lors d’un webinaire organisé ce vendredi 17 décembre par l’Institut de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) sous le thème «comment la relance économique s’annonce-t-elle?». Entre incertitude et besoin de réforme, le défi s’annonce immense. Décryptage.

Le 18/12/2021 à 12h35

Alors que le monde entier nage dans l’incertitude depuis l’arrivée de la pandémie et l’apparition des nouveaux variants, l’économiste et Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), Larbi Jaidi, estime que la relance au Maroc est tributaire d’un cadre macroéconomique approprié qui inclut plusieurs composantes d’ordres financière, monétaire et comptable.

Notant que la croissance risque d’être relativement lente face à un environnement incertain, si un certain nombre de réformes ne sont pas prises en compte, il a appelé à adopter une approche de réforme intégrée susceptible de garantir la mise en œuvre des réformes dans un délai maîtrisable et la gestion des ressources de manière efficace.

«Il n'est pas simplement question d’avoir des réformes structurelles, il faut transformer cette volonté en un acte, social, économique et financier». Il s’agit ainsi, selon Larbi Jaidi, d’avoir plus de visibilité et davantage de lisibilité sur le moyen terme afin d’installer la confiance nécessaire pour passer d’une logique de réparation à une logique de prévention.

Saluant les actions menées par l’Etat depuis le début de la crise pour le soutien aux ménages et aux entreprises, Larbi Jaidi a noté qu’il est «indispensable d’avoir une politique budgétaire permettant d’élargir les ressources ordinaires de l’État, d’aller vers des formes de financement innovants, et d’assurer une complémentarité entre les investissements public et privé afin d’assurer cette performance».

Opportunités

De son côté, le directeur des opérations pour le Maghreb et Malte à la Banque mondiale, Jesko Hentschel, a affirmé que l'économie mondiale est en pleine convalescence depuis l’arrivée brutale de la pandémie. Si ce chamboulement a bousculé les chaînes de valeurs dans le monde entier, il a néanmoins créé de nombreuses opportunités que les acteurs de l’écosystème national peuvent saisir pour accélérer la relance économique.

«Cette crise constitue une opportunité pour innover et chercher de nouvelles chaînes de valeurs et de nouveaux flux de commerce», explique-t-il, notant qu’un effort public pour porter cette transformation est important mais les entreprises ont également besoin de changer leur mode opératoire afin de saisir ces nouvelles opportunités qui s’offrent désormais à l’écosystème national, notamment grâce à la relocalisation.

Pour le représentant de la Banque mondiale, une relance économique durable ne peut se faire sans l’investissement dans le capital humain, en tant que facteur clé pour le développement de toute économie. «Nous avons observé cela dans différents pays arabes, la confiance entre les citoyens et l’Etat est la clé pour réussir à dépasser la crise, réussir la relance et mettre en œuvre des réformes», souligne Jesko Hentschel.

Les enjeux ESG

Intervenant également au wébinaire, le Territory Managing Partner du cabinet PWC au Maroc, Reda Loumany, a pour sa part, tenu à attirer l’attention sur l’importance des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), pour réussir tout rebond économique. Pour l’intervenant, il est important pour les entreprises d’évaluer leur exercice de la responsabilité vis-à-vis de l’environnement et de leurs parties prenantes (salariés, partenaires, sous-traitants et clients), pour s’inscrire au même rang que les entreprises internationales.

«Il ressort d’une enquête réalisée par PwC que 81% des sociétés de gestion de fonds rendent compte des sujets liés aux critères ESG», a-t-il fait savoir, notant que dans le cadre de la relance post-Covid, les financements internationaux qui seront disponibles pour le Maroc, iront d’abord vers les projets et les entreprises qui érigent en priorité les critères ESG, d’où la nécessité des entreprises marocaines de s’adapter à ces critères et de les appréhender.

Par Safae Hadri
Le 18/12/2021 à 12h35