Un léger vent d’optimisme semble souffler sur l’économie nationale, nourri par l’accélération, ces dernières semaines, de la campagne nationale de vaccination, et par la levée de certaines mesures restrictives par le gouvernement. Certes, la relance pleine et entière, 15 mois après le début de la crise sanitaire, n’est pas encore effective, mais des signaux encourageants laissent penser qu’elle n’est plus très loin.
Les données macroéconomiques publiées dans la dernière note de conjoncture de la Direction des études et de la planification financière (DEPF), témoignent en effet d’une réelle embellie pour des pans importants de l’activité économique nationale. «L’appréciation de la conjoncture économique, fait état d’une situation économique qui se projette dans une dynamique de reprise confirmée», écrit ainsi la DEPF, qui relève du ministère de l’Economie et des Finances.
Agriculture, industrie et BTP dans le vert, le tourisme toujours dans le rougeLa campagne agricole favorable qui s’annonce conforte cette perspective, notamment avec une très bonne production céréalière de 98 millions de quintaux, en augmentation de 54,8% par rapport à la moyenne des cinq dernières années et de 206% par rapport à la campagne précédente. En termes de performance, cette campagne est considérée parmi les meilleures de ces dix dernières années.
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Pour le secteur secondaire, le redressement se confirme également au premier trimestre 2021, impulsé par le secteur des mines, avec notamment une production de phosphate en hausse de +6,6% à fin mars, ainsi qu'une hausse du BTP. Les ventes de ciment, véritable baromètre du niveau d’activité du secteur, sont en hausse notable de 19,5% à fin avril.
Pour les activités manufacturières, les indicateurs sont aussi dans le vert. Le Taux d’utilisation des capacités de production (TUC), s’est en effet accru de 5,3 points au premier trimestre 2021, pour se situer à 71,7%, renouant presque avec son niveau d’avant-crise. Rappelons que le TUC est un indicateur-clé de la performance de l’appareil productif, qui mesure l'intensité avec laquelle les industries utilisent leur capacité de production.
Dans le même temps, les exportations industrielles de certaines filières majeures semblent avoir retrouvé leur rythme de croisière durant le premier trimestre 2021: +38% pour l’automobile, +25% pour les dérivés de phosphates, et +21% pour l’électronique et l’électricité. En revanche, pour les activités du secteur tertiaire, et en particulier le tourisme, cela ne décolle toujours pas.
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Après avoir enregistré une atténuation au quatrième trimestre 2020, la tendance baissière des recettes touristiques s’est accentuée au premier trimestre 2021, enregistrant un retrait de 69,1%, soit une perte de 11,9 milliards de dirhams. Malgré l’amélioration de la situation pandémique au Maroc et auprès de ses principaux pays partenaires, les opérateurs touristiques sont plus que jamais dans le flou, et la saison estivale s’annonce d’ores et déjà menacée.
En bourse, les investisseurs anticipent la repriseToujours est-il que, de manière globale, l’heure est plutôt à l’optimisme pour les prochains mois. Un sentiment qui se lit dans le comportement des investisseurs en bourse, dont le moral semble être au beau fixe. Depuis plusieurs semaines, ils sont résolument tournés vers l’achat sur le marché des actions, et les séances dans le vert s’enchaînent. Aujourd’hui, le Masi, l’indice phare de la Bourse de Casablanca, pointe à plus de 12.142 points, en hausse de 7,23% depuis le début de l’année.
«Les mauvaises nouvelles de 2020 semblent être derrière nous, notamment au niveau de la contraction du PIB d’environ -7% et de la baisse de la masse des bénéfices de -31%», commente Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets, joint par Le360.
Selon cet interlocuteur, ce sont les prévisions de 2021 qui semblent être un moteur de la hausse du MASI. En effet, souligne-t-il, l’économie, nationale se serait redressée de 0,7% au premier trimestre 2021, après quatre trimestres de baisses successives. Pour le deuxième trimestre 2021, l’activité économique devrait enregistrer une hausse de 14,7%, rappelle-t-il.
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Deux moteurs semblent alimenter la hausse du marché des actions, d’après Farid Mezouar: d’une part, la persistance d’un niveau bas des taux qui poussent les investisseurs «épargnants et institutionnels» a cherché de meilleurs rendements en Bourse et, d’autre part, la bonne récolte agricole. «Ce dernier point n’est pas à négliger car une bonne récolte agricole a un impact indirect positif pour environ 50% des ménages marocains qui vivent de près et de loin des revenus liés à l’agriculture», analyse-t-il. En outre, ajoute-t-il, «les premiers bons résultats trimestriels des banques ainsi que les chiffres positifs dans l’automobile et le ciment, sont autant de catalyseurs positifs».
Il reste à savoir si cette tendance haussière pourrait durer. Pour notre expert, «il faudra suivre les annonces trimestrielles et la confirmation de la bonne tendance au niveau des différents secteurs». Par ailleurs, ajoute-t-il, «la confirmation de la bonne cadence de la vaccination et par conséquent l’allégement des mesures restrictives, sont un bon indicateur qualitatif». Enfin, «l’opérationnalisation de la partie Equity du plan de relance public [à savoir le lancement effectif du Fonds Mohammed VI pour l’investissement doté de 45 milliards de dirhams, et dont le lancement est annoncé comme imminent, Ndlr], constitue, le cas échéant un autre bon catalyseur pour la bonne tenue du marché actions», explique Farid Mezouar.
Enfin, pour conclure, il faut savoir que l'évolution de la situation au niveau mondiale est également un motif d'optimisme. «Les évolutions globalement encourageantes de l’économie nationale sont confortées par les perspectives favorables qui s’annoncent au niveau mondial», souligne la DEPF. Ainsi, une reprise économique est attendue dans la zone euro, principal partenaire commerciale du Maroc, à partir du second semestre 2021, suite à la levée progressive des mesures restrictives. Autrement dit, les planètes semblent enfin s'aligner pour l'économie marocaine.