Profitant d'une solide relance constatée pour l'ensemble des secteurs d'activité, ces exportations ont réussi au cours de l'année écoulée à surpasser leur niveau de 2019 (avant le déclenchement de la crise pandémique), prouvant non seulement leur résilience, mais aussi leur capacité d'adaptation avec n'importe quel contexte.
A en croire les chiffres de l'Office des changes, les exportations marocaines ont culminé à près de 327 milliards de dirhams en 2021, affichant une croissance de 24,3% par rapport à 2020 et de 14,9% comparativement à 2019.
Bien évidemment, le secteur historique des phosphates et dérivés a été la locomotive de ces exportations avec une hausse de 57,1%, tandis que l'aéronautique a renoué avec la performance, signant une progression de 21,9%.
L'automobile, lui, a vu ses exportations augmenter de 15,9% à plus de 83,78 milliards de dirhams en 2021, grâce à la demande extérieure adressée à la construction (+35,2%).
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S'agissant des exportations en textile et cuir, elles se sont élevées à plus de 36,38 milliards de dirhams (+ 21,6%) alors que les exportations en agriculture et agroalimentaire (+9,2%) ont dépassé 68,37 milliards de dirhams.
Bénéficiant de la dynamique engendrée par la reprise de plusieurs activités industrielles, les exportations en électronique et électricité ont excédé 13,25 milliards de dirhams, avec une croissance de 28,5%.
Perspectives d'évolution des exportations: quand la souveraineté devient maître-motCette belle prestation des exportations au cours de l'année écoulée laisse présager un avenir encore plus prometteur où la souveraineté devient un maître-mot. D'ailleurs, cette souveraineté se veut un levier d'exportation et de renforcement du rôle du Maroc comme locomotive économique sûre pour l'Afrique et le monde entier, a affirmé l'expert international Amine Laghidi, président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) Centre Région Rabat, dans une interview à la MAP.
Il a, à cet effet, relevé que la souveraineté, via ses différents axes, est capable de transformer les menaces externes en opportunités de commerce et les importations croissantes en des investissements nationaux et internationaux destinés à développer davantage d'exportations, après avoir honoré les besoins locaux et régionaux.
S'arrêtant sur la souveraineté sanitaire et le tourisme médical, Laghidi a souligné que le projet de l'unité de fabrication et de mise en seringue de vaccins anti-Covid et autres vaccins au Maroc devrait permettre une hausse importante des exportations marocaines en produits pharmaceutiques.
Selon Amine Laghidi, un tel projet aura un impact positif et «d'upgrade» de tout le secteur pharmaceutique, renforçant sa compétitivité et rehaussant la qualité des services dont il bénéficie, notamment en matière de logistique, de packaging et distribution.
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Il s'agit aussi d'offrir une gamme plus large de produits supports (que ce soit en sous traitance ou en intrants/composants actifs stratégiques) à même d'attirer de nouveaux investissements étrangers et nationaux et renforcer les investissements actuels, a-t-il ajouté.
«La confiance dont bénéficie désormais le secteur de la santé marocain et sa bonne réputation à l'échelle internationale, sont une manne bénéfique pour tout investisseur privé du secteur», a-t-il expliqué, estimant que le tourisme médical se veut un créneau porteur qui devra connaître un essor important lors des prochains mois et années.
Ce type de tourisme devrait profiter d'un triple effet: l'attractivité désormais acquise du Maroc en tant que destination santé, le dynamisme du secteur privé de la santé notamment après la dernière réforme mise en place, ainsi que l'intérêt porté par les fonds d'investissements étrangers qui considèrent le Royaume pays comme portail de l'Afrique.
La souveraineté énergétique: énergie verte et gaz naturelPour Amine Laghidi, le secteur de l'énergie, déjà très dynamique grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi, a permis au Maroc de devenir champion d'Afrique en matière de production d'énergie verte (45% du mix électrique national) et champion également en matière d'exportation de cette électricité verte, notamment vers l'Europe.
Ainsi, plusieurs opportunités en découlent, notamment le renforcement de l'exportation d'électricité verte vers l'Europe, un créneau attractif aux investisseurs étrangers, et l'exportation d'électricité vers l'Afrique sur le court terme, notamment depuis le raccordement de Dakhla au réseau électrique national, à travers une autoroute énergétique de plusieurs milliers de kilomètres de câble, a-t-il détaillé.
Et de soutenir qu'il s'agit également de la découverte de réservoirs gaziers à l'est du Maroc et à l'ouest vers Larache. Une fois les réserves évaluées et la production entamée, cela devrait permettre une nouvelle source d'export pour le Maroc de gaz d'abord, par pipeline (le Maghreb Europe n'étant qu'à 11 km du gisement Ouest), mais également en gaz liquide une fois la capacité installée.
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Par ailleurs, Laghidi a fait savoir qu'il existe des leviers de choix, notamment le potentiel d'exportation «énorme» des 12 régions, puisque actuellement 4 régions comptent pour 80% des exportations nationales. Selon lui, investir dans des chaînes de distribution à l’étranger permettrait de faire en quelques mois ce qui prendrait des années, à savoir la diversification des destinations d'export et des produits d'export.
De plus, il est question de l'amélioration de la valeur ajoutée des exportations, laquelle est considérée comme une obligation pour renforcer la capitalisation existante et encourager l'investissement national et étranger en passant par la mise en place d'une stratégie synchronisée, a indiqué le président de l’Asmex.
L'expert appelle aussi à utiliser la culture marocaine moderne, riche, ancrée dans le temps et diversifiée comme levier d'attraction des clients autour du «Made in Morocco».
Globalement, le Maroc semble sur la bonne voie pour consolider le sentier de croissance de ses exportations et poursuivre sa dynamique sur les marchés internationaux, profitant de ses atouts compétitifs, des diverses opportunités qui se profilent et de son attractivité suscitant l’intérêt des investisseurs privés.