Marchés publics: les professionnels du BTP dénoncent une application «biaisée» des mesures de soutien au secteur

Lors d’une conférence de presse de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), jeudi 5 janvier 2023, à Rabat. 

Lors d’une conférence de presse de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), jeudi 5 janvier 2023, à Rabat.  . khalil Essalak / Le360

Le 06/01/2023 à 10h49

VidéoLa Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) a alerté, jeudi 5 janvier 2023, sur une «situation critique» des entreprises du secteur suite à la persistance de la flambée des prix des matières premières et le non-respect des mesures de soutien édictées par le Chef du gouvernement en avril dernier.

Pour atténuer l’impact de la flambée des prix des matières premières sur les engagements contractuels des entreprises du BTP dans le cadre des marchés publics, le Chef du gouvernement a annoncé en avril dernier, dans une circulaire, des mesures exceptionnelles pour soutenir le secteur, notamment la prorogation des délais d’exécution des marchés, la restitution des pénalités de retard et l’actualisation des formules de révision des prix. 

À ce jour, les professionnels du secteur dénoncent le non-respect par «une grande partie» des maîtres d’ouvrage publics des directives du Chef du gouvernement, alors que les répercussions de la flambée des prix des matières premières et des matériaux de construction continuent de menacer la survie de plusieurs entreprises du secteur. 

Le président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), Mohamed Mahboub, a dénoncé hier jeudi 5 janvier 2023 à Rabat, lors d’une conférence de presse, une application «biaisée» de la circulaire du Chef du gouvernement, une interprétation des directives en défaveur des entreprises et une absence de retour ou un refus des requêtes visant la révision des prix. 

Les entreprises du BTP appellent dans ce sens à actualiser les formules de révision pour refléter fidèlement les évolutions conjoncturelles et inflationnistes. «Les formules de révision des prix ont été mises en place en 1987 et n'ont jamais changé depuis. On demande à ce que ces formules soient actualisées, parce qu’elles ne couvrent pas les pertes réelles des entreprises aujourd'hui», souligne de son côté Bouchaib Safir, président de l’Association marocaine des routes. 

Les directives non appliquées de ladite circulaire concernent également la résiliation des marchés en cours sans confiscation des garanties pécuniaires en raison de l’impossibilité de continuation d’un marché, au vu de la persistance de la conjoncture économique exceptionnelle, ou encore la régularisation par avenant des délais d’exécution des marchés en cours.

«Nous avons constaté un certain nombre de maîtres d’ouvrages publics, notamment des établissements et entreprises publics ainsi que des organismes relevant des collectivités territoriales, en particulier les sociétés d’aménagement, qui n’ont pas fait preuve de la diligence nécessaire dans le traitement des requêtes des entreprises, voire décident de négocier les acquis de l’esprit et de la lettre de la Circulaire», regrette la FNBTP. 

Face à cette situation, le président de la FNBTP a appelé à la reconduction de la durée de validité de la circulaire du Chef du gouvernement, pour une durée de six mois supplémentaires en veillant à sa bonne application par tous les ordonnateurs publics concernés et en introduisant des amendements en vue d’éclaircir ses dispositions, de faciliter et d’uniformiser leur application.

Concernant le niveau d’activité du secteur, Mohamed Mahboub fait part d’une baisse d’activité sans précédent qui menace l’équilibre financier des entreprises, notamment les PME, devant l’absence de nouveaux projets.

«Le chiffre d’affaires de l’ensemble des entreprises du secteur a diminué entre 20% et 50%. Il n’y a pratiquement pas de nouveau marché, surtout pour les PME. Celles qui ont des marchés en cours n’ont pas pu les réaliser vu la conjoncture, elles n’ont pas les moyens de poursuivre les chantiers en plus de la réticence du secteur bancaire vis-à-vis [de notre] secteur», souligne-t-il. 

Par Safae Hadri et Khalil Essalek
Le 06/01/2023 à 10h49