Commentant l’adoption des nouvelles orientations royales issues du dernier conseil des ministres sur la future stratégie actionnariale de l’État, Zakaria Firano a souligné, dans un entretien avec Le360, que la décision de réformer ces entreprises à participation directe ou indirecte de l’État vient à point nommé, car elle «constitue le cœur de l’économie nationale». Selon lui, l’État a une participation directe ou indirecte dans un total de 502 établissements publics.
Et de rappeler qu’en 2020, le roi Mohammed VI avait déjà donné ses instructions pour une réforme de ces entreprises publiques et l’idée «c’est que l’État cherche des engagements en tant qu’actionnaire et non en tant que propriétaire des profits». Il s’agit donc des secteurs les plus importants pour le devenir de l’économie du Maroc, en «se désengageant de quelques investissements qui ne sont pas profitables pour l’État», a expliqué ce professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat-Agdal.
Zakaria Firano a observé que la loi n°82-20 qui a mis en place l’Agence nationale de la gestion des participations de l’État «est censée mettre en œuvre les stratégies étatiques afin que l’État soit un bon actionnaire». Donc, le dernier conseil des ministres présidé par le Souverain a mis au point, a souligné ce chercheur universitaire, les sept piliers sur lesquels «doit travailler l’agence en question et qui forgent la feuille de route qui doit être suivie pour pouvoir rectifier le tir des établissements publics».
Ce portefeuille de l’État qu’on appelle «le périmètre de consolidation» est constitué, a-t-il rappelé, de 57 sociétés anonymes et de 340 participations de l’Etat. Selon cet expert en économie, le premier pilier de la politique actionnariale de l’État doit englober des axes stratégiques du développement économique. Il s’agit de cinq secteurs de souveraineté en matière d’énergie, d’eau, d’électricité, d’éducation et de santé. «Il faut que l’économie s’inscrive dans cette logique de la souveraineté», a-t-il insisté.
«La deuxième stratégie, a-t-il ajouté, c’est que les entreprises publiques doivent s’impliquer dans la régionalisation avancée, car les portefeuilles de l’État existent dans toutes les régions du Royaume». En outre, a poursuivi Firano, le Souverain a donné une directive importante, à savoir que les entreprises doivent s’inscrire dans une stratégie qu’on pourrait appeler «la diplomatie économique à l’international» avec l’axe Sud-Sud, incluant l’Afrique, l’Occident et l’Asie.
L’autre stratégie, la quatrième du genre, c’est que «les établissements publics à l’image de l’OCP et autres doivent converger vers de nouvelles problématiques liées à l’économie verte, aux énergies renouvelables».
Le cinquième point par ailleurs, a expliqué cet expert en économie, porte «sur les missions de l’Agence et de ses structures». Celle-ci doit «mettre en œuvre les stratégies au niveau notamment des textes de loi et de la convergence», car «sans une bonne gouvernance, sans un meilleur ménagement qui permettra d’asseoir la profitabilité comme étant un objectif ultime pour ces établissements, on ne pourra pas arriver à cette correction du tir par rapport à ces entreprises et sociétés anonymes».
Dernier élément important, d’après ce professeur d’économie, ces établissements publics «contribuent à environ 12% du PIB, soit une participation très significative». Leurs chiffres d’affaires s’élèvent globalement à 3.000 milliards de dirhams, a-t-il estimé. «Sans un redressement et un recentrage stratégique par rapport à leurs missions, on ne pourra pas atteindre ce qu’on appelle le nouveau développement déployé, car les poids lourds du changement économique se trouvent notamment chez Masen et l’OCP pour les énergies renouvelables et vertes, la CDG pour les finances et l’ONEE pour l’électricité».
Et de conclure que «la stratégie royale va asseoir le futur et le devenir de l’économie nationale».