Fort du soutien de l’Espagne, le Maroc a réussi à déjouer l’acte hostile de l’Algérie qui, en coupant les livraisons du gazoduc Maghreb-Europe (GME) vers fin octobre 2021, a cherché à se servir du gaz comme d’une «arme diplomatique et géostratégique» contre le Royaume.
Le Maroc a ainsi pu remettre en service les centrales à cycles combinés de Tahaddart et Aïn Béni Mathar à partir du gaz naturel liquéfié (GNL) importé du marché international. Depuis juillet dernier, l’approvisionnement de ces deux centrales en gaz naturel est assuré par le GNL via l’interconnexion gazière Maroc-Espagne fonctionnant en flux inverse.
Pour la première fois, Le360 a pu pénétrer au cœur de la centrale de Aïn Beni Mathar, située à 85 km de la ville d’Oujda. L’occasion de mesurer l’étendue et le concentré de technologies dont regorge cette installation qui, faut-il le rappeler, produit annuellement en moyenne 3.538 GWh, soit environ 8% de la production nationale.
«Dans le cadre de la stratégie de l’ONEE visant la valorisation des ressources énergétiques nationales et le développement des énergies renouvelables, l’Office a mis en service en 2010 la centrale thermo-solaire à cycle combiné intégré Aïn Beni Mathar, d’une puissance installée de 472 MW. Elle représente une première sur l’ensemble du continent africain au vu de son mix énergétique», souligne Nour Eddine Fetian, directeur central de la production chez l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).
«D’un coût de 4,6 milliards de dirhams (soit 418 millions de dollars), la centrale Aïn Beni Mathar a été construite par une société espagnole de renommée et son financement a été assuré par les fonds propres de l’ONEE, la Banque africaine de développement (BAD), l’Instituto de Credito Official (ICO) d’Espagne et le Fonds mondial pour l’environnement (GEF)», ajoute-t-il.
Composée de deux turbines à gaz (2x150 MW) et une turbine à vapeur (1x172 MW), la centrale offre une flexibilité maximale d’opération et un rendement amélioré en cycle fermé. En outre, le champ solaire d’une capacité de 20 MW et composé de 75.264 miroirs réfléchissants convertit l’énergie solaire en énergie thermique et améliore davantage la productivité et le rendement du cycle.
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Sur le plan environnemental, poursuit Fetian, l’ONEE a réalisé, dans le cadre du projet de construction de la centrale, une étude de l’impact environnemental. La centrale a été conçue de manière à optimiser la consommation de gaz naturel et à minimiser l’impact sur l’environnement.
Cela passe par l’utilisation de la technologie du cycle combiné au gaz naturel, le respect des exigences environnementales nationales et internationales (Banque mondiale et Union européenne) en termes de rejets gazeux, rejets liquides et bruits, la technologie zéro rejet liquide (l’ensemble des rejets liquides de la centrale sont traités et récupérés dans un bassin d’évaporation étanche), ainsi que l’utilisation de la technologie de refroidissement à sec (aérocondenseurs) pour réduire la consommation d’eau de 5,4 millions de m3 à 850.000 m3 par an (soit une économie de 80%).
Pour son fonctionnement, la centrale utilise le gaz naturel. Quant à l’intégration de la technologie solaire, elle permet une réduction d’utilisation de fuel de 12.000 tonnes/an, soit environ 33.500 tonnes/an d’émissions de CO2 évitées.
Nour Eddine Fetian tient également à préciser que dans le cadre de ce projet, l’ONEE a construit une route de 10 km (6,4 km de route d’accès à la centrale et 3,5 km de route pour desservir les localités avoisinantes) ainsi que deux ponts pour permettre la fluidité d’accès et le désenclavement des douars environnants.