Une vague de nouvelles nominations est censée déferler sur les établissements et entreprises publics. Il y a d'abord les futurs premiers patrons, attendus comme le Messie, pour des agences et fonds nouvellement créés; puis les directeurs par intérim de structures stratégiques, qui se retrouvent suspendus à une confirmation ou à un remplacement; et, enfin, les autres hauts commis ayant atteint l'âge de la retraite, mais maintenus à coup de prolongements temporaires éphémères.
Nombreux, donc, sont ces «serviteurs de l'Etat» qui espèrent, ou qui redoutent, le futur round du jeu des chaises musicales dans les hautes sphères de la fonction publique.
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Prétendre connaître le timing ou l'intensité du prochain mouvement dans les Conseils d'administration ou les directions de grandes institutions de l'Etat, reviendrait à s'attribuer des capacités de devin. S'aventurer jusqu'à révéler les noms des heureux élus ou des malheureux éjectés, serait une pure spéculation propagandiste. Mais rien n'empêche de zoomer sur de nouveaux postes très convoités, ne serait-ce que pour rappeler l'importance stratégique et les espoirs fondés sur ces structures récemment créées.
Agence de réglementation du cannabis: un boss pour semer les graines«Le socle de l'arsenal juridique et réglementaire pour le démarrage des usages licites du cannabis est achevé». C'est là une déclaration faite à la presse par Mounir Bouyoussfi, directeur de l'Agence de promotion du Nord (APDN), qui assure, en quelque sorte, l'intérim en attendant le démarrage effectif de la nouvelle Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC).
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Depuis sa création par la loi 13-21, cette structure publique chargée de contrôler toute la chaîne de valeur a parcouru du chemin. Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit a même présidé son premier Conseil d'administration, début juin, pour approuver son organigramme, le statut de son personnel ainsi que son budget pour l'année en cours.
Au prochain Conseil des ministres, le futur directeur de l'ANRAC pourrait être nommé afin de prendre en charge le pilotage de la feuille de route établie. Celle-ci prévoit, entre autres, l'élaboration d'un cahier des charges fixant les modalités techniques des activités liées au cannabis. Cela englobe toutes les étapes de production, depuis l’importation des semences et la certification des plants, jusqu’à la commercialisation des produits. Une étape indispensable, avant d'accorder les agréments aux opérateurs nationaux et internationaux qui attendent d'investir ce secteur très lucratif.
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Les futures exportations marocaines de ce véritable or vert et de ses dérivés sont estimées entre 4,2 et 6,3 milliards de dollars, selon des études réalisées par le ministère de l'Intérieur et présentées devant les élus. C'est que le marché du cannabis médical connaît une croissance annuelle de 30% sur le plan mondial, et de 60% au niveau européen, le marché de prédilection de la future «beldia» marocaine. Il ne reste plus qu'à connaître le premier patron qui va semer les graines de ces nouveaux fleurons de l'économie marocaine.
Le Fonds Mohammed VI pour l'investissement: le financier des grands projetsC'est le fonds marocain Ithmar Capital, dirigé par Obaid Amrane, qui a été aux commandes du Forum africain des investisseurs souverains (ASIF), tenu la semaine dernière sous le haut patronage royal. Pourtant, le principal fonds souverain du Royaume s'appelle Fonds Mohammed VI pour l'investissement. «Les préparatifs sont en cours pour la tenue du premier Conseil d'administration», annonce-t-on au ministère des Finances qui préside cette structure, aux côtés de six représentants de départements ministériels et de quatre administrateurs indépendants.
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Le directeur de cet instrument d’investissement, qui a intégré la liste des entreprises publiques stratégiques il y a plus d'un an, est lui aussi attendu lors de la tenue d’un futur Conseil des ministres. Il n'empêche que ce véhicule d'investissement est déjà mobilisé dans des opérations stratégiques. Il est par exemple actionnaire dans Sensyo Pharmatech, la future usine de mise en flacons de vaccins, actuellement en construction à Benslimane et qui devrait mobiliser à terme quelque 500 millions d'euros d'investissements.
Ce fonds souverain est doté d'un budget considérable de 15 milliards de dirhams, provenant des caisses de l'Etat, comme il est censé mobiliser quelque 30 milliards grâce aux partenariats public-privé. Des pourparlers sont d'ailleurs engagés avec l'Arabie saoudite au sujet d'une éventuelle contribution du Fonds public d'investissement saoudien au capital des fonds sectoriels et thématiques qui seront créés dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l'investissement. Ce regroupement des synergies des différentes structures financées par l'Etat est un processus qui tarde à être lancé. Normal, en l'absence d'un manager aux commandes du fonds souverain.
Agence des participations publiques: le patron d'un super holding publicL'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'Etat et de suivi des performances des établissements et entreprises publics est la pièce maîtresse de la restructuration du portefeuille des participations publiques et la conception d'un nouveau mode actionnarial pour l'Etat. La loi-82-10 lui donnant naissance est publiée depuis un an, mais son entrée en vigueur reste tributaire de la mise en place des organes d'administration et de gestion de cette agence qui a intégré, en janvier dernier, la liste des établissements publics stratégiques. Son futur directeur sera ainsi probablement connu à l'issue d'un prochain Conseil des ministres.
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Cette future agence, qui devrait se transformer en société anonyme après cinq ans, devrait remplacer la direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP), actuellement chapeautée par Abderrahmane Semmar. Le périmètre initial de cette structure concentre déjà 63% du chiffre d'affaires réalisé par l'ensemble des 767 entreprises et établissements publics (filiales comprises) que compte le Royaume. Les 57 structures placées sous la tutelle de l'Agence, réalisent, par ailleurs, la quasi-totalité de la valeur ajoutée et 90% des bénéfices du secteur des EEP.
La nouvelle structure aura surtout à réaliser plusieurs opérations sur le portefeuille public, entre regroupements, dissolution et autres opérations sur le capital des entreprises de l'Etat qui pèsent 675 milliards de dirhams en fonds propres. De quoi libérer toute la créativité de brillants banquiers d'affaires, spécialistes des opérations de haut de bilan…