Hausse du prix des carburants: les sept péchés capitaux du gouvernement

La ministre de la Transition énergétique, Leila Benali et le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Photomontage.

La ministre de la Transition énergétique, Leila Benali et le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Photomontage. . DR

Interventions protectionnistes aux effets limités, manque de communication et de débat public, absence de mesures envers les consommateurs…La hausse continue du prix des carburants révèle nombre de lacunes encore à combler par le gouvernement Akhannouch. Les voici.

Le 12/04/2022 à 16h01

Cela fait des semaines que la tendance est à la hausse. Et le prix des carburants ne cesse de grimper, frappant de plein fouet le pouvoir d’achat de bien des Marocains, dans un moins sacré souvent synonyme de grandes dépenses en produits de consommation. Une hausse qui révèle également nombre de manquement de la part de l’Exécutif et que résume un Policy paper dédié à ce sujet, élaboré conjoitement par l’Observatoire du travail gouvernemental (Otrago) et le Centre Al Hayat pour le développement de la société civile.

Le Policy Paper souligne la réaction rapide du gouvernement pour soutenir le secteur des transports. Il a ainsi évité une hausse des prix de consommation qu’une hausse des coûts du transport aurait entraînée, participant ainsi à préserver pouvoir d'achat des citoyens. Autre point positif, l’injection de fonds supplémentaires dans la Caisse de compensation pour maintenir intacts le prix du gaz butane. Des mesures qui restent cependant trop timides.

Le Policy Paper note également l’absence de toute communication claire et de précisions du gouvernement concernant la hausse du prix des carburants. Il évoque une politique du «fait accompli» pour justifier les augmentations, en les liant uniquement au contexte international. «La libéralisation des prix des carburants, sans prévision ni planification préalable, sans mécanismes d’une libre concurrence et sans aucun effort d'investissement dans les infrastructures de stockage, notamment avec la cession injustifiée de «La Samir» a soumis le pays aux fluctuations du marché international», indique ce document. 

Autre bémol, l’exclusion pour l’heure de toute mesure de protection du consommateur. Cela pourrait être possible à travers la fiscalité des carburants, sachant que 40% du prix des carburants sont constitués de la taxe sur la consommation intérieure et de la taxe sur la valeur ajoutée.

Egalement relevé, le manque d’entrain du gouvernement quant à discuter de la crise du carburant au Parlement et à s’ouvrir aux partis politiques dans la recherche de solutions. Nous apperons néanmoins ce mardi 12 avril que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch va s’expliquer lundi 18 avril sur la question des carburants, dans le cadre de la session mensuelle réservée au contrôle de l’Exécutif, à la Chambre des représentants.

Le Policy Paper pointe également le peu de régulation de la concurrence dans le secteur et le manque de clarté de l’Exécutif quant aux orientations futures. «Le gouvernement n'a pris aucune mesure pour soutenir les propriétaires de stations- service et les aider à continuer d'approvisionner le marché. Ils sont le maillon le plus faible du cycle de vente et de distribution des carburants», indique également le document. Résultat, ceux-ci menacent de faire grève.

Dans un communiqué diffusé ce lundi 11 avril 2022, la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations de service au Maroc (FNPCGS) interpelle le ministère de la Transition énergétique, devant la flambée constatée du prix des carburants à la pompe, et devant l’incapacité de ses membres à faire face à la hausse des charges depuis plusieurs mois. Au cœur du plaidoyer, une exonération de la cotisation minimale, dont le montant est calculé sur la base du chiffre d'affaires. «L’augmentation vertigineuse du chiffre d'affaires du fait de la flambée du prix des carburants ne reflète aucunement la réalité des bénéfices des propriétaires de stations-services étant donné que les marges réalisées sont fixes quel que soit le prix de vente aux consommateurs», dénoncent-ils.

Pour amortir la crise, les auteurs du Policy Paper recommandent la poursuite de l'accompagnement des professionnels du transport, la facilitation de l’accès des propriétaires de stations-service aux financements bancaires et surtout, la révision des taxes appliquées sur les carburants pour une période de deux ou trois mois, en attendant des jours meilleurs. Affaire à suivre.

Par Tarik Qattab
Le 12/04/2022 à 16h01