Depuis son lancement en mars 2022, le soutien aux transporteurs routiers a coûté en tout la bagatelle de 8 milliards de dirhams à l’État, a indiqué Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, lors de son passage dans l’émission «Grand Format-Le360». Ce montant inclut les dépenses au titre de la 15ème vague de ces aides, pour laquelle les inscriptions ont démarré le vendredi 3 mai.
Le ministre s’est longuement attardé sur les motivations derrière le déploiement de cette aide directe aux transporteurs, toutes catégories confondues (voyageurs et marchandises). S’agissant du transport de personnes, le ministre a rappelé que le prix est réglementé dans ce segment, notamment dans le cas des petits et grands taxis, pour lesquels le carburant représente environ 40% des dépenses. «On ne peut pas demander à ces micro-entreprises de maintenir le prix de la course au même niveau et d’absorber en même temps un doublement du prix du carburant», explique-t-il.
Concernant le transport de marchandises, d’ores et déjà libéralisé, le prix doit évoluer en fonction de l’offre et de la demande. «Mais il y a une inertie du marché, le transporteur n’est pas capable d’appliquer le surcoût lié à la hausse du gasoil et de réajuster le prix du jour au lendemain. Nous avions eu peur que les transporteurs se trouvent dans une situation de devoir arrêter de travailler», a-t-il poursuivi.
Le maintien du soutien aux transporteurs obéit, poursuit-il, à une logique d’aide à la structuration de ce marché qui a souffert pendant de longues années, et ce, en attendant le projet de loi sur l’indexation des prix du transport routier sur le prix du carburant. «L’indexation est un mécanisme de régulation du marché qui va permettre de rééquilibrer les relations entre les transporteurs et les donneurs d’ordre. Lorsque cette loi sera là, l’aide sur le transport de marchandises n’aura plus lieu d’être de la même manière», note Mohamed Abdeljalil.
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Ledit projet de loi, qui devait boucler le circuit législatif avant mars 2023, accuse cependant un retard certain. En guise de réponse, le ministre affirme «ne pas maîtriser le calendrier législatif», assurant toutefois qu’au plus haut sommet du gouvernement, «il y a aujourd’hui une volonté de pousser vers l’approbation du texte».
Vers une régionalisation des services de transport
Le moment n’est-il pas venu pour libéraliser à son tour le segment du transport de voyageurs, et mettre ainsi fin au système des agréments? «Il y a eu plusieurs tentatives de changement pendant les dix dernières années, qui n’ont pas abouti», a rappelé le ministre, qui affirme vouloir «opérer différemment, en créant d’abord les conditions de la professionnalisation des acteurs existants et en clarifiant la relation entre agréés et opérateurs».
Le ministre évoque aussi le chantier de la régionalisation avancée dans lequel le transport à l’intérieur du ressort territorial relève des attributions directes de la région. Selon lui, «le moment serait mal choisi pour introduire une transformation, tant qu’on n’a pas encore clarifié la relation région-État concernant la gestion des transports au sein du ressort territorial».
L’interview du ministre du Transport et de la Logistique a été également l’occasion d’aborder de nombreux autres sujets d’actualité, allant des préparatifs de la Coupe du monde 2030 liés à son département (TGV, RER, Aéroports, etc.), au projet de création d’une flotte nationale de marine marchande, en passant par la polémique déclenchée par l’interdiction d’accès des poids lourds au centre-ville de Casablanca. Nous y reviendrons dans de prochains articles.