Leader mondial dans la production de batteries pour véhicules électriques, la Chine déploie ses ailes dans plusieurs pays du monde pour conserver son hégémonie. Le Maroc figure en bonne place parmi les destinations choisies. Les grands projets d’investissements dans le Royaume, annoncés ces derniers mois par des multinationales chinoises, en sont une parfaite illustration.
Top départ: le 31 mai dernier. Le groupe sino-européen Gotion High-Tech, affichant un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars en 2022, a signé, à Marrakech, un mémorandum d’entente avec le Maroc, par l’entremise de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), pour la mise en place d’un écosystème industriel de production de batteries pour véhicules électriques et de systèmes de stockage d’énergie au Maroc.
En clair, il s’agira de construire, d’ici 2030, dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, une usine d’un coût estimé à 65 milliards de dirhams et qui disposera d’une capacité de production annuelle d’environ 100 gigawatts par heure (GWh). A la clé, la création de 30.000 emplois sur 10 ans.
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Un mois plus tard, précisément le 28 juin, un autre manufacturier de l’Empire du milieu s’est signalé. Le groupe Guangzhou Tinci Materials Technology, un des plus grands producteurs d’électrolytes et de produits chimiques d’électrolytes pour les batteries au lithium, a annoncé l’ouverture d’une usine au Maroc.
D’un coût de 2,8 milliards de dollars, la future unité permettra à l’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 3,1 milliards de dollars en 2022, de desservir le marché local et le marché européen.
La production de composants clés dans la fabrication de ces batteries intéresse aussi le groupe Yahua Industrial Group. Le 5 avril dernier, la presse sud-coréenne a révélé un accord que l’entreprise chinoise a paraphé avec LG Energy Solution (LGES), deuxième fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques, pour la création d’une usine marocaine de production d’hydroxyde de lithium. Cette matière première, synthétisée avec du nickel, est un composant essentiel dans la fabrication de ces batteries.
Cette joint-venture (JV) permettra à LGES de renforcer sa chaîne d’approvisionnement de ce matériau, pour mieux servir le marché américain, en tirant profit des avantages de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis.
La proximité du Maroc avec l’Europe, un atout de poids
Si ces multinationales chinoises ont décidé de s’implanter au Maroc, c’est pour tirer profit d’une industrie automobile en forte croissance, notamment dans le segment de la construction. Mais également, la proximité géographique du Royaume avec l’Europe, qui souhaite généraliser l’utilisation des véhicules électriques d’ici 2035, à travers la loi sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act), constitue un atout de poids.
«La proximité avec l’Europe et surtout l’entrée en vigueur de la future taxe carbone début 2026 poussent les investisseurs à se tourner vers d’autres marchés comme le Maroc. A partir de cette date, une batterie fabriquée en Inde ou en Chine par exemple coûtera plus cher pour entrer sur le marché européen qu’une batterie faite à 14 km des frontières», expliquait, en avril dernier, Fouad El Kohen, expert en efficacité énergétique et en énergies renouvelables et membre de l’Association intersectorielle pour la mobilité électrique au Maroc (APIME), dans une déclaration pour Le360.
Le groupe Al Mada souhaite aussi s’y mettre
Les entreprises marocaines souhaitent également investir dans ce filon d’avenir. La holding Al Mada aurait noué un partenariat avec le chinois CNGR Advanced Material, pour créer une usine de fabrication de composants de batteries pour véhicules électriques. Ce site devrait être implanté à Jorf Lasfar, non loin des installations du groupe OCP.
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Managem aussi n’est pas en reste. Le groupe marocain, rappelons-le, avait signé en juin 2022, un accord avec Renault pour lui fournir de 5.000 tonnes de sulfate de cobalt par an, sur une période de sept ans, à partir de 2025. Un minerai qui sera transformé dans son complexe industriel de Guemassa, à 60 km de Marrakech.
Ces importantes quantités permettront à la marque au losange de produire 300.000 batteries de véhicules électriques. Et visiblement, le projet avance. «L’étude de faisabilité de la construction de l’usine de transformation de cobalt en sulfate de cobalt est en cours de finalisation. Le démarrage des travaux de construction est quant à lui espéré pour 2025», a indiqué le magazine Jeune Afrique en juillet dernier.
Ces gigantesques projets en cours, une fois achevés, devraient permettre au Maroc d’être une plaque tournante de la mobilité électrique au cours des prochaines années.