Confrontées à un environnement économique incertain, les directions financières des entreprises marocaines ont décidé de réadapter leur modèle de gestion. C’est ce que révèlent les résultats de la deuxième édition de l’étude du cabinet d’audit et de conseil PwC au Maroc sur leurs priorités pour 2024, présentés le mercredi 14 février à Casablanca.
Menée auprès de plus 60 directions financières d’entreprises marocaines opérant dans 12 secteurs d’activité, l’enquête indique que la gestion des talents, à travers le recrutement de nouveaux profils et leur formation, est la priorité n°1 des départements financiers, à court et à moyen terme, afin d’enclencher leur processus de transformation. «Les directions financières, longtemps attendues dans les activités de gestion comptable, de fiabilisation des données financières, et le pilotage des coûts et de la rentabilité, sont aujourd’hui confrontées à un enjeu qui est de renforcer leur positionnement en tant que business partner, et véritable copilote de la direction générale. Cette transformation, résultat de l’évolution technologique, pointe du doigt le profil du financier et la nature des compétences exigées pour remplir ce rôle», explique le document de PwC au Maroc.
Améliorer le processus de pilotage
La pandémie du Covid-19, couplée aux taux d’inflation élevés, a également contraint les directions financières à revoir le pilotage de la performance, désormais érigé au deuxième rang des priorités, afin de soutenir la croissance des entreprises.
«Bien que 85% des répondants se déclarent satisfaits de leur processus de pilotage, 33% d’entre eux estiment que celui-ci devrait se transformer en priorité afin de leur permettre notamment une meilleure lecture de leur rentabilité et d’augmenter leur capacité à prévenir les évolutions de leur marché», soulignent les deux auteurs de l’étude qui précisent que 32% des directeurs financiers sondés estiment que leurs modèles prévisionnels manquent de fiabilité.
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Troisième priorité: la gestion des processus transactionnels. D’après l’enquête, 50% des directions financières souhaitent mettre en place des process agiles et résilients intégrant les risques, pour optimiser leurs activités.
Parallèlement à ces trois grands objectifs, les gestionnaires des finances des entreprises ont investi dans la transformation digitale, notamment dans l’intelligence artificielle, pour se mettre au diapason de l’évolution des pratiques dans leur secteur d’activité, et surtout faire face aux contraintes économiques et défis de leurs organisations. Pour preuve, «90% utilisent actuellement une solution digitale» et 76% d’entre elles envisagent de lancer des programmes de formation sur ces technologies.
Investir dans la transformation digitale
Ces innovations leur permettent notamment de mieux exploiter les données et d’améliorer la compréhension du comportement des clients et des marchés. «Pour accompagner ce changement, un important travail d’Upskiling (renforcement des compétences) des collaborateurs est nécessaire. Les collaborateurs doivent être formés non seulement à utiliser les nouvelles technologies, mais aussi à comprendre comment elles peuvent améliorer et simplifier leurs tâches quotidiennes. Ces formations aident à réduire la résistance au changement et encouragent l’adoption de nouvelles méthodes de travail», suggère PwC au Maroc.
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Le développement durable occupe également une place prépondérante dans les plans stratégiques des directions financières. Selon l’étude, près d’un répondant sur trois souhaite profiter de la dynamique créée par les évolutions réglementaires nationales et internationales «pour encourager leur entreprise dans une véritable démarche de transformation RSE et valoriser cette position auprès des investisseurs et des clients».
L’inflation et les risques de cybersécurité, principales menaces
Au rayon des menaces planant sur l’activité et la performance de leur entreprise, les répondants ont identifié trois facteurs prioritaires: l’inflation, les changements climatiques et catastrophes naturelles, et les risques liés à la cybersécurité.
«Le risque Cyber fait son apparition cette année dans le top 3 et est également la préoccupation majeure des dirigeants financiers pour 2024, et ce bien que 63% des répondants se sentent suffisamment préparés pour gérer ce risque. L’importance des impacts (relations publiques, sécurisation, dévalorisation de la marque, prime d’assurances…) résultant d’une cyberattaque ne permet pas à nos dirigeants d’envisager ce risque sereinement», indique l’étude.
Par ailleurs, PwC au Maroc révèle que les directeurs financiers interrogés anticipent une amélioration de la croissance économique de leurs entreprises, compte tenu de la dynamique nationale actuelle et de leur capacité de transformation pour mieux accompagner leurs sociétés. «À l’horizon d’une année, le niveau de confiance des directions financières en termes de perspectives de croissance est de 81% pour 2024, contre 78% en 2023. Quant aux perspectives de croissance à 3 ans, le niveau de confiance pour 2024 est de 87%, contre 80% en 2023», précise l’étude.