Le Maroc fait partie des rares pays africains bien placés pour attirer davantage d’investissements dans les énergies propres. C’est ce qui ressort d’un rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur les investissements dans les énergies propres pour le développement en Afrique (Clean Energy Investment for Development in Africa).
Les auteurs du rapport notent, en effet, que certaines régions d’Afrique ont efficacement mis à profit leur mix énergétique à faibles émissions, leur main-d’œuvre croissante et leurs coûts compétitifs pour attirer de nouveaux investissements dans des industries émergentes basées sur diverses technologies énergétiques durables, comme au Maroc, en Égypte et au Kenya.
Ils ont également cité le Royaume avec l’Éthiopie et le Rwanda qui ont mis en œuvre des politiques qui soutiennent la croissance industrielle en utilisant des technologies plus durables.
Cette évaluation est d’autant plus importante que ce rapport a été demandé par la présidence italienne du G7 (groupe des sept grandes économies que sont les États-Unis, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni) pour soutenir sa nouvelle initiative «Énergie pour la croissance en Afrique».
Cette initiative, rappelle le rapport, vise à promouvoir les investissements dans l’énergie et le climat en Afrique, à développer des projets d’énergie propre bancables, à attirer des capitaux publics et privés, à encourager le financement concessionnel et à surmonter les obstacles à l’investissement dans toute l’Afrique.
Ce rapport a pour objectif d’éclairer l’initiative du G7 en fournissant un aperçu des investissements liés à l’énergie nécessaires, dans le cadre du scénario pour une Afrique durable (SAS) de l’AIE, pour atteindre tous les objectifs du continent liés à l’énergie et au climat, y compris l’accès universel à l’énergie et ses contributions déterminées au niveau national (CDN), d’ici 2030.
Hydrogène, batteries de véhicules, électrolyseurs…
Il explore ensuite la meilleure façon de financer les projets d’énergie propre et identifie les principaux types d’initiatives nécessaires pour développer les compétences et les capacités humaines et institutionnelles à cet effet.
«Le besoin d’investissement dans les technologies énergétiques propres en Afrique n’ayant jamais été aussi urgent, ce rapport arrive à un moment critique et pose les bases d’efforts de financement coordonnés entre les gouvernements des pays africains et des nations développées, les institutions financières internationales et les organisations de développement», souligne l’AIE.
Le rapport indique qu’un ensemble d’industries émergentes basées sur diverses technologies énergétiques devra jouer un rôle de plus en plus important en Afrique au cours des prochaines décennies à mesure que la transition énergétique progresse.
Il s’agit notamment, illustre-t-il, de l’extraction et de la transformation de minéraux critiques, de la production d’acier et de ciment à faibles émissions, de la production d’hydrogène et de carburants à base d’hydrogène et de la fabrication de technologies propres telles que les batteries de véhicules, les panneaux solaires photovoltaïques, les éoliennes, les pompes à chaleur, les piles à combustible et les électrolyseurs.
Pour l’instant, l’Afrique n’est présente globalement de manière significative que dans l’extraction de minéraux critiques, notamment le cobalt, les métaux du groupe du platine (MGP), le manganèse et le cuivre, constate le rapport.
Le soutien nécessaire des institutions financières
L’industrie en Afrique représente au total actuellement les deux tiers de la demande énergétique pour les utilisations de production, selon l’AIE. La consommation totale d’énergie à des fins productives en Afrique augmentera de 25% entre 2023 et 2030, estime-t-elle.
Cette croissance peut être orientée de plus en plus vers l’électricité, avec des mesures appropriées pour maintenir les tarifs de l’électricité à un niveau abordable, améliorer la fiabilité et surmonter les obstacles à l’investissement initial pour de nombreuses petites et moyennes entreprises qui opéreraient ces investissements, recommande-t-elle.
Les utilisations productives clés pour lesquelles des politiques appropriées pourraient favoriser une plus grande électrification comprennent, selon le rapport, le remplacement des pompes d’irrigation au diesel par des pompes alimentées par l’énergie solaire et des batteries; l’extension des chaînes du froid pour permettre un transport sûr et hygiénique des produits agricoles vers les centres urbains; les data centres; et les industries telles que le papier et le textile.
Le soutien des institutions financières serait nécessaire pour faire face aux coûts initiaux élevés de ces efforts de modernisation, même si les options les plus efficaces, modernes et durables sont moins coûteuses sur toute leur durée de vie, estiment les auteurs du rapport.