Les cinq plus grandes économies de l’Afrique –le Maroc, l’Égypte et l’Algérie, figures de proue de l’Afrique du Nord, ainsi que le Nigeria et l’Afrique du Sud en Afrique subsaharienne, ont enregistré une croissance consolidée plus lente que le reste du continent, rendant ainsi plus difficile l’amélioration des conditions de vie pour 400 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en Afrique.
Une étude approfondie de McKinsey, intitulée «Réimaginer la croissance économique en Afrique: transformer la diversité en opportunités», reprise par le quotidien Le Matin du Sahara et du Maghreb ce mercredi 5 juillet, examine minutieusement la performance économique de chaque pays africain ainsi que celle des secteurs économiques clés. L’étude révèle que ces cinq principales économies africaines ont engendré à elles seules près des trois quarts du PIB de l’Afrique en 2019.
Malgré un début de décennie marqué par une hausse significative des investissements et des exportations, leur croissance ultérieure a rapidement été freinée par de nombreux facteurs. A titre d’exemple, le Maroc figure parmi les 13 pays africains que l’étude regroupe sous l’appellation «ralentissements récents». L’Algérie, quant à elle, est considérée par l’étude comme étant un pays à «croissance lente», avec une économie qui croît faiblement depuis 2000.
L’étude réalisée par McKinsey insiste sur la pluralité africaine. Selon Mehdi Lahrichi, directeur associé du bureau de McKinsey à Casablanca, «il n’y a pas «une seule Afrique», car les niveaux de progrès économique, de croissance démographique, de taux d’urbanisation et de productivité diffèrent considérablement à travers le continent. Ainsi, alors que des pays comme le Maroc, l’Égypte et la Tunisie ont atteint une électrification urbaine quasi-totale, une centaine de millions de citadins africains restent privés d’électricité».
L’étude a révélé qu’en atteignant le même taux de croissance de la productivité que les principaux centres de services en Asie, l’Afrique pourrait ajouter 1.400 milliards de dollars à l’économie du continent d’ici 2030, permettant ainsi de créer 225 millions d’emplois, un enjeu crucial au vu de la croissance rapide de la population active africaine.
D’autres possibilités pour une croissance basée sur la productivité résident dans l’amélioration de la productivité de l’agriculture.
«Alors que des pays comme le Maroc, l’Éthiopie et le Rwanda ont réussi à stimuler rapidement leur production agricole, d’autres nations africaines demeurent à la traîne en termes de productivité. Nos analyses indiquent que si les pays africains parvenaient à égaler la croissance de la productivité de l’agriculture indienne entre 1980 et 1990, ils pourraient collectivement ajouter 200 milliards de dollars à leurs économies d’ici 2030, soit 40 milliards de dollars de plus que ce qui est prévu aux niveaux de productivité actuels».
Les nations africaines pourraient également miser sur l’amélioration des infrastructures urbaines. De plus, les pays africains pourraient se focaliser sur l’accroissement du nombre de grandes entreprises privées dans le continent, en particulier les entreprises locales, dans le but de dynamiser l’innovation, la croissance de l’emploi, des exportations et des rentrées fiscales. L’étude démontre que d’ici 2030, la majorité des grandes entreprises africaines qui feront preuve de résilience pourraient ajouter 550 milliards de dollars à leur chiffre d’affaires en pénétrant de nouveaux marchés et en augmentant leur productivité.