Au moment où l’économie mondiale montre des signes d’essoufflement, avec une croissance qui devrait ralentir à 2,3% en 2025 et 2,4% en 2026 (contre 2,8% en 2024), le Maroc parvient à maintenir une trajectoire économique solide.
Selon le Budget économique exploratoire 2026, publié par le Haut-commissariat au Plan (HCP), le royaume devrait enregistrer une croissance de 4,4% en 2025 et 4% en 2026, soutenue par un rebond du secteur agricole et la vigueur de la demande intérieure.
Les grandes économies en difficulté
Aux États-Unis, la croissance devrait reculer à 1,4% en 2025, pénalisée par les tensions commerciales et une inflation persistante (3,5%). La dette publique atteint 125% du PIB, limitant les marges de manœuvre.
Dans la zone euro, la croissance stagne sous 1%, freinée par une demande extérieure atone et des tensions commerciales avec les États-Unis. Pour la Chine, le ralentissement s’accentue (4,5% en 2025), en raison de la crise immobilière et des restrictions à l’export.

Le prix du pétrole (Brent) devrait reculer à 66 dollars/baril en 2025, sous l’effet d’une offre excédentaire et d’une demande mondiale affaiblie. Les métaux et produits agricoles suivent la même tendance, ce qui pourrait soulager la facture énergétique du Maroc.
Secteur agricole: un rebond salvateur après des années de sécheresse
Après plusieurs campagnes difficiles, l’agriculture marocaine renoue avec la croissance. La production céréalière devrait atteindre 44 millions de quintaux en 2025, en hausse de 41% par rapport à 2024. Cette amélioration est due à des précipitations abondantes au printemps et à des mesures de soutien à l’élevage.
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La valeur ajoutée agricole devrait progresser de 4,7% en 2025, après un recul de 4,8% en 2024. Le secteur contribuera à 0,5 point de croissance en 2025, un soulagement pour les régions rurales et les industries agroalimentaires.
Industrie et BTP: les moteurs de la croissance non agricole
L’industrie chimique (+6,6% en 2025) et le secteur extractif (+7,1%) tirent profit de la demande mondiale en engrais. Le secteur du BTP devrait croître de 4,9% en 2025, porté par les infrastructures liées à la Coupe d’Afrique des Nations 2025, les préparatifs de la Coupe du Monde 2030 (co-organisée avec l’Espagne et le Portugal) et la reconstruction post-séisme dans les régions touchées.
Le secteur de l’automobile souffre, quant à lui, du déclin des voitures thermiques en Europe. Il devrait connaitre une croissance modérée (+2,8% en 2025), freinée par la concurrence asiatique.
Demande intérieure: le principal pilier de la croissance
La consommation des ménages (+3,6%) et l’investissement (+9,8%) restent dynamiques, grâce à l’amélioration des revenus agricoles, les revalorisations salariales issues du dialogue social et la poursuite des grands projets d’infrastructure.
Mais l’investissement reste peu efficace, selon le HCP. En effet, explique-t-il, malgré un taux d’investissement élevé (31,2% du PIB en 2025), son rendement (mesuré par le coefficient marginal du capital-ICOR) s’est dégradé: il faut aujourd’hui 12,5 points d’investissement pour générer 1 point de croissance, contre 6,1 dans les années 2000.
Le déficit commercial se creuse et le budgétaire s’allège
Le déficit commercial devrait atteindre -19,8% du PIB en 2025, en raison d’importations en hausse (+8,8%), tirées par l’investissement et des exportations freinées par le ralentissement européen, malgré la bonne tenue des phosphates.
Le déficit courant s’atténuerait (-1,8% du PIB), quant à lui, grâce à une bonne tenue des recettes touristiques, selon le HCP qui table sur une croissance de 8,4% en 2025 de l’activité d’hébergement et de restauration. Celle-ci serait soutenue par l’accroissement prévu du nombre d’arrivées touristiques et des nuitées, en lien avec l’organisation de plusieurs grands événements culturels et sportifs ainsi qu’avec les efforts de promotion touristique.
Pour le déficit budgétaire, il reculerait à 3,6% du PIB en 2025 contre 3,8% en 2024. La dette publique serait légèrement réduite (de 79,2% à 78,9% du PIB), mais la dette extérieure augmente.
Le Maroc résiste, mais doit accélérer les réformes
Dans un environnement international incertain, le Maroc affiche une résilience économique remarquable. Toutefois, pour maintenir cette dynamique, des réformes structurelles (efficacité de l’investissement, diversification industrielle, transition énergétique) seront cruciales dans les prochaines années.
La croissance de 2025-2026 sera-t-elle suffisante pour réduire le chômage et les inégalités? La réponse dépendra des politiques mises en œuvre.








