Covid-19 au Maroc: après la réouverture de l'espace aérien, le tourisme réussira-t-il à se rétablir?

L'expert en tourisme, Zoubir Bouhout, revient sur la réouverture des frontières aériennes qui ne suffiront pas, à elles seules, à la reprise du secteur touristique.

L'expert en tourisme, Zoubir Bouhout, revient sur la réouverture des frontières aériennes qui ne suffiront pas, à elles seules, à la reprise du secteur touristique. . khalil Essalak / Le360

Le 12/02/2022 à 12h12

VidéoAprès plus de deux mois de fermeture, le Maroc a rouvert, lundi 7 février 2022, son espace aérien. Une mesure qui pourrait permettre de sauver le tourisme, un secteur dévasté par la crise. Le tourisme a-t-il les moyens de se rétablir? Les réponses d’un expert.

C’est un fait: l’annonce de la réouverture, dès lundi 7 février 2022, des frontières aériennes, a laissé entrevoir l'espoir d'une reprise de l’activité touristique.

Invité sur le plateau de Le360, Zoubir Bouhout, expert en tourisme, explique qu’«au tout début, le rythme est un peu timide, mais il progressera de semaine en semaine, au vu des conventions signées récemment par l’Office national marocain du tourisme (ONMT) avec de grandes compagnies aériennes».

D’après ce spécialiste, l’impact est très positif quant au rythme et au nombre de voyageurs en visite au Maroc. «Une compagnie aérienne a vu la fréquence de ses réservations multiplié par 10 suite à l’annonce de la réouverture des frontières (aériennes), passant de 400 à 500 réservation quotidiennement à 4.000 à 5.000 dernièrement», rapporte-t-il.

C’est en effet une bonne nouvelle pour le secteur du tourisme au Maroc, car «ces compagnies sont celles qui desservent le marché marocain en provenance de l’Europe, principal marché émetteur du tourisme international. Avec ce rythme, le secteur se rétablira sereinement, mais ce n’est qu'à partir du mois de mai qu’il y aura un rythme de croisière, après la fin du ramadan», ajoute l'expert en tourisme.

De leur côté, les professionnels portent des avis mitigés sur les conditions d’entrée au Maroc, considérant ces dernières contraignantes et peut-être même handicapantes.

L'expert comprend bien cette déception des opérateurs touristiques. Ainsi explique-t-il, certes «le choix des autorités marocaines d'imposer de telles mesures est tout à fait compréhensible pour pouvoir mieux contrôler l’évolution de la pandémie, éviter une flambée des cas de contaminations». Elles ne veulent pas risquer de devoir prendre, une nouvelle fois, une décision qui porterait atteinte au tourisme marocain, explique Zouhir Bouhout.

Mais d’après cet expert qui a dirigé pendant de longues années le conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, deux raisons expliquent la déception du secteur touristique. «La première est que ces professionnels estiment que les conditions d’entrée ne sont pas les mêmes que dans d’autres pays». Elles sont plus restrictives, ce qui ne positionne pas très bien le Maroc par rapport aux destinations concurrentes. La deuxième raison est qu'elles induisent une dépense non négligeable pour les touristes. «Pour une famille de 5 ou 6 personnes, il faut au total dépenser 500 et 600 euros pour procéder aux tests PCR , et quand le chef de ménage débourse cette somme, c’est un manque à gagner pour le tourisme», signale-t-il.

D’ailleurs, «au vu de la situation épidémiologique actuelle, les autorités marocaines pourraient revoir les conditions d’entrée sur le territoire. L’objectif étant de relancer l’activité touristique, tout en faisant en sorte de maîtriser l’évolution de la pandémie», affirme le spécialiste.

En outre, il est primordial d’assurer une véritable et sereine reprise de l’activité touristique, secteur important pour l'économie marocaine. La communication est donc primordiale pour attirer les investisseurs et redynamiser l’économie. En d’autres termes, il faut convaincre, reconquérir, séduire et retrouver la confiance des acteurs et décideurs du tourisme mondial pour relancer le secteur au Maroc.

Pour ce faire, Zouhir Bouhout souligne l’importance d’un accompagnement en interne et en externe, par des opérations de relations publiques, d'invitations de tour-opérateurs, de la presse internationale, mais également de la presse nationale parce que la part du tourisme domestique reste importante, précise l'expert.

«Premièrement, il faut miser sur une présence en force dans les salons et foires qui vont démarrer en France à partir de mars, et dans un second temps, se prononcer sur le devenir des festivals dans le Royaume, comme le Festival Gnaoua d’Essaouira et le Festival international du film de Marrakech, considérés comme des évènements internationaux importants qui vont attirer des centaines de milliers de touristes par an, et de ce fait revitaliser le secteur», indique-t-il.

«L’ONMT fournit des efforts en termes de promotions, les fédérations des métiers du tourisme doivent pour leur part se déplacer, se prononcer et chercher les marchés émetteurs. Ce sont les éléments clés pour assurer une bonne reprise du secteur», conclut l’expert.

Par Yousra Adli et Khalil Essalek
Le 12/02/2022 à 12h12