Nommée jeudi 7 octobre dernier à la tête du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor a très vite compris, après quelques rencontres avec les opérateurs, que la situation du secteur du tourisme était «extrêmement difficile».
Invitée sur l'émission Grand Format Le360, Fatim-Zahra Ammor a dévoilé pour la première fois le bilan de l’année 2021 au cours de laquelle le Maroc a accueilli 4 millions de touristes, contre 2,5 millions en 2020 et 13 millions en 2019.
«Il y a eu une petite embellie l’été dernier avec l’opération spéciale MRE. Puis la fermeture des frontières en fin d’année a été un coup de massue pour l’ensemble de la profession». Résultat, les recettes touristiques poursuivent leur chute libre, passant de 80 milliards de dirhams en 2019 à seulement 30 milliards de dirhams en 2021.
«Dès le premier jour, mon premier objectif a été de développer rapidement un plan d’urgence pour soutenir le secteur», a rappelé la ministre. Cet objectif a été atteint, le mardi 18 janvier 2021, suite à l’annonce d’un plan de sauvetage pour lequel le gouvernement a réservé une enveloppe de 2 milliards de dirhams.
«Ce montant représente 10% du Fonds Hassan II pour le développement économique et social qui, lui, couvre plusieurs secteurs d’activités», a répondu Fatim-Zahra Ammor en réactions à des critiques formulées, qui ont minimisé la portée du plan d’urgence et ont jugé «dérisoire» le budget de 2 milliards de dirhams qui lui est consacré, en comparaison avec le montant cumulé des pertes en recettes touristiques depuis le début de la crise sanitaire, quant à elles évaluées à plus de 140 milliards de dirhams.
«Notre objectif, ce n’est pas de venir combler un manque à gagner. La priorité est à la préservation des emplois et à la sauvegarde des entreprises et de l’outil de production», a précisé la ministre du Tourisme.
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Interrogée sur l’absence de toute mention des agences de voyage dans le communiqué du ministère qui annonçait ce plan d’urgence, et si ce dernier aurait exclu les voyagistes, Fatim-Zahra Ammor affirme que ceux-ci bénéficient toujours de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams par mois. Celle-ci concerne l’ensemble des employés du secteur du tourisme, incluant également les transporteurs touristiques et les restaurateurs classés.
«L’indemnité forfaitaire va coûter à peu près 50 millions de dirhams par mois uniquement pour les agences de voyages, ce qui porte le montant total des indemnités allouées à cette catégorie de professionnels à 800 millions de dirhams depuis le début de la crise», a expliqué la ministre, pour montrer que les voyagistes n'avaient pas été écartés du plan d’urgence dans sa composante dédiée à la préservation de l’emploi.
«Pour la deuxième partie du programme, consacrée à la préservation de l’outil de production, nous avons estimé qu’il y a des métiers qui sont plus concernés que d’autres», a-t-elle poursuivi, faisant référence au secteur hôtelier pour lequel le plan d’urgence a réservé deux mesures phares, notamment la prise en charge de la taxe professionnelle due en 2020 et en 2021, en plus d'une subvention étatique d’un montant d’un milliard de dirhams destinée à soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation).
«Dans ce genre de situation, nous sommes obligés de prioriser. Nous avons estimé que l’hôtellerie, qui est un secteur capitalistique, nécessite le plus une aide urgente», a expliqué la ministre, en donnant plus de détails sur les modalités d’application de son plan d’urgence.
Par ailleurs, Fatim-Zahra Ammor a indiqué que ce plan d’urgence sera suivi d’un plan dédié à la relance de l’activité après la réouverture des frontières. Ce dernier sera axé sur deux piliers: la sécurisation de l’aérien et le développement d’une nouvelle offre Maroc.
Interpellée sur le cas de la compagnie aérienne Ryanair, qui a suspendu ses vols vers le Maroc jusqu’à la fin du mois de janvier en cours, et qui, selon certains dires, pourrait même se retirer du marché marocain, la ministre a coupé court à ces supputations, affirmant que des contacts sont en cours avec la compagnie low cost, qui s’apprête déjà à reprogrammer ses vols dès la réouverture des frontières aériennes du Maroc.