Dans un contexte géopolitique troublé et face à un stress hydrique qui menace les cultures du pays, le gouvernement marocain a élaboré un plan de développement agricole qui intègre la formation des petits exploitants, dans une optique de souveraineté alimentaire, appuyée par des méthodes d’agriculture durable. L’affirmation est du quotidien français La Tribune dans son édition Afrique.
Le secteur représente l’un des piliers de l’économie nationale. Le Maroc compte 1,5 million d’exploitations agricoles et 8,7 millions d’hectares de superficie agricole utile (SAU). L’agriculture occupe 73 % de la population rurale active (plus de 4 millions de personnes), génère 13 milliards d’euros environ et contribue à plus de 14 % au produit intérieur brut (PIB). Selon les années, il représente entre 12% et 25% des exportations marocaines.
«Néanmoins, le secteur rencontre un certain nombre de défis tels que le manque d’irrigation (19 % de la SAU irriguée), la fragmentation des terres (70 % des exploitations représentent moins de 5 hectares), la faible utilisation d’engrais (66 kg/ha), ainsi qu’une faible connexion au marché», lit-on.
Pour développer le secteur agricole, le Maroc adoptait en 2008, le «Plan Maroc Vert 2008-2018», un programme de relance qui s’articulait autour du développement accéléré d’une agriculture compétitive et à haute valeur ajoutée des zones les plus favorables, via l’incitation à l’investissement privé, et la mise à niveau des petites et moyennes exploitations des zones défavorisées par le financement des investissements productifs des agriculteurs et de leurs coopératives.
«Entre déconcentration des services, créations d’agences spécialisées, réformes du conseil et de l’assurance agricoles, la stratégie d’un Maroc Vert s’est appuyée sur des structures multiples. Au terme de ce programme, le pays a enregistré une hausse des revenus générés par l’agriculture. Les exportations agricoles sont passées de 15 milliards de dirhams à 33 milliards de dirhams», précise La Tribune, citant l’Agence pour le développement agricole du Maroc. Le Plan Maroc Vert a également permis la création de 342.000 emplois.
Les partenariats publics-privés ont donné naissance à 1.575 projets agricoles sur une superficie de près de 112.000 hectares, pour un investissement de 22,3 milliards de dirhams.
En matière d’économie d’eau, la superficie équipée en goutte-à-goutte a connu une extension spectaculaire pour atteindre aujourd’hui 542.000 hectares, contre 128.000 en 2008. Désormais, le plan Generation Green 2020-2030 qui succède au Plan Maroc Vert accorde une attention particulière au renforcement des capacités des petits exploitants agricoles, à grand renfort d’innovation. «Il s’intéresse notamment à la gestion des ressources en eau, dans un contexte de stress hydrique inédit depuis trois ans», lit-on encore.
Afin d’augmenter la productivité agricole, le ministère de l’Agriculture, l’Université Mohammed VI Polytechnique et le groupe OCP ont lancé le programme Al Moutmir, en septembre 2018. À ce jour, 25.500 agriculteurs bénéficient directement et gratuitement du programme et plus de 400 .00 agriculteurs en bénéficient indirectement.
Le Maroc cherche également à se positionner comme tête de proue de l’innovation agricole sur le continent. «Pour ce faire, il a multiplié les partenariats avec des experts venus du monde entier (de l’Institut National Agronomique en France au Massachusetts Institute of Technology aux États-Unis), tout en déployant ses programmes en Afrique subsaharienne. Une ferme agricole basée à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) sera dès la rentrée prochaine, adossée à un établissement de recherche agricole, pour optimiser les productions locales», souligne La Tribune Afrique.