Les prévisions concernant l’augmentation de la production d’avocats ont suscité des interrogations sur la pertinence de l’expansion des surfaces dédiées à sa culture, qui ont légèrement augmenté par rapport à la saison précédente pour atteindre environ 10.000 hectares, surtout que le Maroc connaît une grave crise hydrique, qui pourrait s’aggraver dans les prochaines années. Une augmentation significative de la production d’avocats, estimée entre 80.000 et 90.000 tonnes soit jusqu’à +50%, est prévue cette année.
L’alerte est donnée par le magazine Finances News Hebdo, qui indique que l’avocat est en effet un fruit connu pour sa forte consommation en eau, nécessitant 729 litres d’eau pour produire un kilogramme d’avocats, soit plusieurs fois plus que d’autres fruits. D’autres estimations indiquent qu’un kilogramme d’avocats nécessite entre 1.200 et 2.000 litres d’eau, «ce qui pose un risque pour la durabilité de cette production face aux vagues de sécheresse, à la rareté de l’eau et à la hausse des températures que connaît le Maroc», lit-on.
Cité par l’hebdomadaire, l’expert agricole Riyad Ouahtita explique que «l’avocat fait partie des cultures fortement consommatrices d’eau, aux côtés d’autres cultures comme la pastèque, ajoutant que pour produire un kilogramme d’avocats, on consomme une tonne d’eau, comprenant à la fois les précipitations qui arrosent directement les arbres et l’empreinte hydrique divisée en eau bleue (eau des précipitations utilisée pour boire) et en eau verte (utilisée pour les cultures agricoles)».
«L’augmentation de la production d’avocats est due à l’expansion des vastes surfaces dédiées à cette culture au cours des dernières années, ainsi qu’à l’entrée en production de nouvelles exploitations, autorisées à cultiver ces fruits depuis plusieurs années», lit-on encore.
L’expert a également précisé que l’avocat n’est pas un produit essentiel dans l’alimentation marocaine, et qu’il n’est donc pas indispensable de le cultiver, d’autant plus que plus de 70 % de la production est destinée à l’exportation, ce qui n’influence ni les prix locaux ni le pouvoir d’achat des Marocains.
Il a aussi mentionné que le Maroc a épuisé une grande quantité de devises pour importer ses besoins essentiels, notamment le blé, dont la production a diminué de moitié, ainsi que les moutons d’Espagne et de Roumanie. Le pays tente de compenser ces dépenses en devises par l’exportation de produits demandés à l’étranger comme la pastèque, l’avocat et la tomate.
D’où «la nécessité d’imposer un contrôle strict sur les exploitations, ainsi que de réduire les surfaces cultivées, afin d’assurer l’autosuffisance en produits qui consomment beaucoup d’eau. Il a également souligné l’importance d’une surveillance rigoureuse des abords des rivières, car certains agriculteurs utilisent des pompes secrètes pour irriguer leurs terres», lit-on encore.