En moins d’une semaine, le prix du diesel a augmenté à deux reprises, pour graviter depuis le mardi 8 août autour des 12,20 dirhams le litre. Celui de l’essence n’a quant à lui augmenté qu’une seule fois, en début de mois, pour avoisiner les 14,50 dirhams au litre. Voilà qui est synonyme de dépenses supplémentaires dont les automobilistes se seraient bien passés dans un contexte inflationniste.
Comme souvent, cette envolée est liée à celle des cours de baril de Brent, qui s’est envolé d’environ 14 dollars entre les mois de juin et août de cette année, passant de 72 à 86 dollars. En cause: les coupes de production décidées par les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et d’autres pays producteurs (Opep+), conjuguées à la hausse de la demande en produits pétroliers durant la saison estivale.
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En effet, neuf pays de l’Opep +, dont l’Arabie saoudite et la Russie, les deux poids lourds du marché de l’or noir, ont instauré depuis mai des baisses volontaires de production (pour un total de 1,6 million de barils par jour jusqu’à 2024), afin de soutenir les cours.
En juin, l’Arabie saoudite a annoncé une réduction additionnelle de production d’un million de barils par jour pour le mois de juillet, avant de la reconduire en août. S’y ajoute la décision de la Russie d’amputer ses exportations de 500.000 barils supplémentaires par jour en août, toujours dans le but d’«équilibrer le marché».
«En plus de la baisse des volumes de production, la hausse de la demande a également influé sur les cours. Durant la saison estivale, les raffineries reçoivent des commandes importantes de diesel auxquelles les capacités opérationnelles de production ont du mal à répondre. Ce qui renchérit automatiquement les prix», explique Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium Consulting, interrogé par Le360.
Une hausse maîtrisée
Pour cet expert, la hausse des prix à la pompe au Maroc devrait se poursuivre, au même niveau que les cours du baril sur le marché international, jusqu’en septembre, avant d’emprunter à nouveau une trajectoire descendante.
«La hausse des prix va se poursuivre en août et en septembre, mais il n’y aura pas de flambée comme l’année dernière, lorsque le prix du diesel a dépassé les 17 dirhams. Cette année, les chemins d’approvisionnement sont bien maîtrisés, et il n’y a plus de perturbations ni de rupture de stock», précise-t-il.
Si, contrairement à l’usage, les prix à la pompe au Maroc n’ont pas évolué chaque quinzaine (le prix du diesel a augmenté à deux reprises, les 2 et 8 août), Mostafa Labrak explique cette «exception» par la politique de gestion de stock des distributeurs. En effet, tous n’ont pas répercuté la hausse des cours en même temps ni de la même manière, en fonction de leur propre capacité de stockage.
«Si un stock acheté la quinzaine d’avant n’a pas été écoulé, il peut être vendu la quinzaine d’après à un prix qui ne correspond pas forcément à la variation du marché. Les sociétés aujourd’hui sont libres de leur stratégie commerciale, elles peuvent vendre au prix et aux marges qui les arrangent. C’est le jeu de la concurrence», explique notre interlocuteur.
Autre constat, la hausse des prix n’est pas aussi importante pour l’essence, carburant utilisé principalement par des particuliers, car la demande pour ce carburant est restée stable. «Contrairement au diesel, utilisé davantage dans l’industrie, la demande en essence n’augmente pas beaucoup durant cette période. Mais en règle générale, les deux carburants suivent la même tendance à la hausse ou à la baisse, mais avec des niveaux de variation différents», conclut-il.