Le prix des carburants à la pompe a repris un trend baissier hier, mercredi 15 février 2023. Le prix du litre de diesel a ainsi diminué de 1 dirham pour se situer aux alentours de 12,80 dirhams chez plusieurs distributeurs. Quant au litre d’essence, il est resté quasi inchangé aux alentours de 14,30 dirhams.
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À titre de comparaison, le litre du diesel se vendait jusqu’à 14,60 dirhams au début de l’année 2023. Celui de l’essence coûtait près de 14,35 dirhams. En février 2022, soit il y a une année, le litre de diesel coûtait près de 10,80 dirhams alors que le litre d’essence se vendait à près de 12,50 dirhams.
Contacté par Le360, le directeur général d’Energysium Consulting, Mostafa Labrak, indique que la raison principale qui explique cette baisse «importante» du prix du diesel par rapport au début de l’année est le recul de la demande européenne cet hiver, qui s’est située à un niveau inférieur aux prévisions préétablies. La baisse des prix à la pompe est donc mécanique, elle fait suite au recul marqué des prix du pétrole.
En effet, dix jours avant la baisse des prix sur le marché marocain, le baril de Brent de la mer du Nord s’est échangé aux alentours de 80 dollars le vendredi 3 février (88,6 dollars le 23 janvier) et le baril du West Texas Intermediate (WTI) à 73 dollars (81 dollars le 23 janvier). Ce jeudi 16 février, le baril de Brent s’est échangé aux alentours de 86 dollars et le WTI à 79 dollars.
Hiver moins froid en Europe
«Suite à un hiver plutôt doux en Europe, la demande pour le diesel a été inférieure aux prévisions, ce qui a conduit à une baisse des cours du pétrole sur le marché international ces derniers temps, ça s’est répercuté automatiquement sur les prix à la pompe», explique Mostafa Labrak.
Et d’ajouter: «L’approche de l’hiver marque toujours une période de forte demande pour le diesel qui sert à générer de l’électricité et à se chauffer dans les pays européens non producteurs de pétrole. Le marché s’attendait cette année aussi à une très forte demande mais l’hiver était moins froid que d’habitude, raison pour laquelle les cours ont reculé», précise-t-il.
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Selon cet expert, d’autres raisons expliqueraient la baisse du prix du diesel cette semaine, notamment le recul de l’activité touristique aux Etats-Unis et dans les pays du Golfe, grands consommateurs de ce carburant, en plus de la hausse des importations de pétrole à partir de la Russie.
«La décision de l’Union européenne d’imposer un embargo pétrolier sur la Russie a fait baisser sensiblement les prix sur ce marché. Depuis un certain temps, le Maroc, qui ne comptait pas la Russie parmi ces fournisseurs traditionnels, s’est tourné vers ce pays pour bénéficier de rabais intéressants», précise Mostafa Labrak.
Avenir incertain
Pour ce qui est des perspectives d’évolution du prix des carburants durant les prochaines semaines, notre expert estime qu’il est très difficile d’avancer une tendance précise dans l’état actuel des choses, plusieurs paramètres entrant en jeu, notamment les conditions climatiques et l’évolution du conflit russo-ukrainien.
«Difficile de prévoir l’évolution des prix du pétrole compte tenu de l’instabilité géopolitique et géoéconomique au niveau mondial. Si le conflit s’intensifie entre l’Ukraine et la Russie durant les prochains jours, les cours devront augmenter à nouveau», indique Mostafa Labrak.
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Pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages dans ce contexte marqué par la hausse du prix des carburants, le Porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a annoncé jeudi 2 février 2023 le lancement de la 9e vague d’aides exceptionnelles aux professionnels du transport routier, dans l’objectif de préserver le pouvoir d’achat des ménages. Les aides directes mobilisées au cours de cette opération ont atteint 4,2 milliards de dirhams à ce jour.
Depuis le début de la flambée des prix des carburants sur le marché national, les distributeurs ont été pointés du doigt par rapport à l’alignement ou non des prix à la pompe sur ceux des cours du pétrole sur le marché mondial.
Ce dossier demeure, à ce jour, entre les mains du Conseil de la concurrence qui, selon son président, attend l’entrée en vigueur des décrets d’application des deux lois modifiées en novembre dernier̀, celle relative à la liberté des prix et de la concurrence, et celle concernant la réforme du Conseil de la concurrence.