Considérée comme étant la plus grande arnaque immobilière encore jamais perpétrée au Maroc, l'affaire Bab Darna, et ses centaines de victimes escroquées, a fait couler beaucoup d’encre et a été largement relayée par les médias nationaux et internationaux.
Pour faire entendre leur voix, le collectif regroupant les victimes de cette affaire d'arnaque immobilière organise un sit-in dans la métropole, le 19 septembre prochain à partir de 11h30 devant la Villa Zevaco, lequel sera suivi d’une marche en direction du siège de la préfecture de Casablanca-Anfa.
Entre 2017 et 2018, près d'une douzaine de projets immobiliers fictifs, tous standings confondus, avaient été commercialisés par Bab Darna. Le PDG du groupe, Mohammed El Ouardi, et ses nombreuses sociétés immobilières ne détenaient, en fait, aucun des terrains sur lesquels devaient être bâtis ces projets, et ont laissé sur le carreau plus de 1.000 réservataires, qui leur avaient avancé des sommes parfois très importantes.
Selon des projections fiables, le montant des avances non restituées par le groupe Bab Darna est estimé à plus de 400 millions de dirhams, sans compter les 80 millions de dirhams de créances en souffrance cumulées auprès du secteur bancaire.
Depuis l’éclatement de cette rocambolesque affaire, les victimes n’attendent plus qu'une chose: que justice leur soit rendue.
Sept personnes ont, depuis, été arrêtées: Mohamed El Ouardi, le PDG du groupe, mais aussi sa directrice financière, son directeur commercial, un commercial et un comptable, en plus d'un notaire, tous actuellement sous les verrous.
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Début février dernier, à l’issue d’une longue série d’auditions, la juge d’instruction près le tribunal correctionnel de Aïn Sebaâ a fait état de "son incompétence" dans le traitement de ce lourd dossier, donnant ainsi au procès une nouvelle tournure.
«Le dossier a été transféré à la chambre correctionnelle de la Cour d'appel après que les faits ont été requalifiés de crimes. Un juge d'instruction s’est ensuite saisi de l'affaire. Celle-ci est toujours en instruction», souligne, contacté par Le360, Me Mourad Elajouti, avocat au barreau de Casablanca, membre du comité de défense des victimes de Bab Darna.
Sachant que les délais relatifs à l’instruction des dossiers relèvent des prérogatives des tribunaux, Me Eljaouti impute le retard pris dans le traitement de cette affaire aux effets induits par la crise sanitaire du Covid-19.
«Nous espérons que les choses vont s'accélérer après la reprise», a-t-il ajouté, non sans rappeler la situation difficile dont souffrent bien des victimes escroquées dans le cadre de l'affaire Bab Darna.
«La crise économique liée à la pandémie est venue compliquer la situation des réservataires qui ont perdu toutes leurs économies. Les victimes veulent aujourd’hui surtout savoir où s’est envolé leur argent», insiste cet avocat.