Au cours d’une conférence de presse organisée à Casablanca, le lundi 21 novembre dernier, les membres de la FNPI ont longuement évoqué la dernière proposition du gouvernement, qui figure dans le Projet de loi de finances de l'exercice 2023 (PLF 2023): accorder une aide directe de l'Etat, aux futurs acquéreurs d'un logement dit «économique» et de «moyen standing».
A ce jour, afin de subventionner l’acquisition d’un logement principal, deux niveaux d’aides ont été définis par le ministère de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville: le premier plafonne le prix du bien immobilier à 300.000 dirhams et le deuxième à 600.000 dirhams, afin de soutenir aussi les catégories de la société détentrices de revenus médians.
Pour les promoteurs immobiliers de la FNPI, il s'agit là d'une proposition qui n'est pas «réaliste», et qui ne pourra pas être déployée sur le terrain, dans une conjoncture instable, marquée par une hausse drastique du prix des matières premières nécessaires au BTP.
«Accorder une aide directe au logement est une proposition de la fédération à la base, mais nous ne sommes pas d’accord pour vendre du rêve aux Marocains», a expliqué Taoufik Kamil, président de la FNPI, pour lequel cette proposition a été prise sans concertations avec les promoteurs iommobiliers, mais aussi sans que ne soient prises en considération les réalités du marché immobilier, deux ans depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Il faut, a-t-il souligné, considérer la cherté du prix des terrains immobiliers dans les grandes villes du pays, qui représentent plus de la moitié du coût de production des promoteurs.
«Nous ne savons toujours pas comment le gouvernement a fait ses calculs pour proposer des prix à 300.000 dirhams et 600.000 dirhams. Nous ne savons pas à quoi ces logements doivent ressembler, aucun cahier des charges n’ayant été communiqué à ce jour», a regretté le président de la FNPI.
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Toujours au cours de cette conférence de presse à Casablanca, Anis Benjelloun, vice-président de la FNPI, a expliqué que le secteur immobilier tournait au ralenti depuis plusieurs mois, avec «une baisse de 50%» sur «les dépôts d’autorisation de construire», sur «les mises en chantier», et sur «les demandes de crédits bancaires pour des projets immobiliers», sans compter, a-t-il encore détaillé, un «recul de 30% des ventes».
«La tutelle [le ministère de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, Ndlr] nous propose de produire [des logements, Ndlr] à 300.000 dirhams TTC en payant l’ensemble des taxes, alors qu’aujourd’hui, on vend [des logements, Ndlr] à 294.000 TTC en étant exonérés d’impôts. Ce n’est pas faisable, surtout que le prix des matériaux de construction et du foncier ont flambé», a insisté le vice-président de la FNPI.
En ce qui concerne la construction de logements qui seront proposés à la vente au prix de 600.000 dirhams TTC, Anis Benjelloun indique qu’un dispositif similaire avait été instauré dès 2013, au prix de 7.200 dirhams/m². Mais celui-ci «a échoué, la production n’ayant pas dépassé les 15.000 unités», a-t-il expliqué, avec cet argument: «on nous demande de reproduire le même dispositif qui a échoué, dix ans plus tard, ça n’a aucune logique».
Au terme de cette conférence de presse, les membres de la FNPI ont voulu lancer un appel au gouvernement: il faut, de leur avis, accélérer l'instauration d'un dialogue avec les professionnels de la promotion immobilière, afin d'établir un cahier des charges à la hauteur des besoins et des attentes des futurs acquéreurs de logements, tout en proposant «des prix et des marges réalistes».