À une dizaine de jours de Aïd Al-Adha, Casablanca voit ses marchés aux moutons envahis par une foule dense et affairée. Les acheteurs, en quête du spécimen parfait pour le sacrifice rituel, arpentent les allées bondées, le regard attentif et le porte-monnaie serré. Mais cette année, l’inquiétude se lit sur tous les visages: les prix des bêtes ont flambé.
«C’est un véritable casse-tête cette année, déplore ce père de famille, en scrutant les moutons alignés devant lui. Les prix sont bien plus élevés que l’année dernière. On peut trouver des bêtes à des prix entre 3.000 et 8.000 dirhams, mais tout dépend du marché et du moment de la journée. Les prix fluctuent énormément», confie-t-il.
En parcourant les allées de plusieurs marchés, les acheteurs semblent partagés entre l’inquiétude et la résignation. «J’ai remarqué une hausse de 15 à 20% par rapport à l’année dernière. Les prix ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Le Sardi est devenu hors de prix cette année. Même pour un petit mouton, il faut débourser au minimum 4.000 dirhams, et les plus grands peuvent atteindre les 8.000 dirhams», signale ce client, manifestement agacé.
Dans un marché aussi volatil, les fluctuations de prix d’un jour à l’autre ajoutent à l’incertitude. Les éleveurs justifient ces hausses par divers facteurs: la sécheresse, l’augmentation du coût des aliments pour bétail, et les frais de transport. Toutefois, cette explication ne suffit pas à apaiser les acheteurs. «Les prix des races locales ne sont pas à la portée de tout le monde. Ceux importés ont un prix correct, mais ils ne conviennent pas à tous les acheteurs», nuance un troisième client, avant d’ajouter, «pour un prix moyen de 83 dirhams le kilogramme, c’est beaucoup».
Malgré la grogne ambiante, certains clients restent optimistes et déterminés à respecter la tradition, coûte que coûte. «Je reste optimiste, je suis sûr que chacun pourra trouver le mouton qui lui convient, même à 2.500 dirhams», conclut, sans grande conviction, un acheteur.