5G: le Maroc monte en gamme sur l’échiquier technologique mondial

L’entrée du Maroc dans la 5G dépasse la seule dimension technologique, elle traduit une ambition économique et stratégique.

Le Maroc a officiellement basculé dans l’ère de la cinquième génération mobile (5G), marquant ainsi une étape décisive dans la transformation numérique du Royaume. Les trois opérateurs nationaux — inwi, Maroc Telecom et Orange Maroc — ont activé simultanément leurs réseaux dans les grandes villes du pays, offrant des débits pouvant dépasser les 2 Gbps.

Le 11/11/2025 à 10h03

C’est officiel depuis le vendredi 7 novembre 2025. La première phase de déploiement de la 5G couvre Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech et Agadir, avant une extension progressive vers d’autres régions. L’accès est automatique pour les utilisateurs disposant d’un smartphone compatible 5G, sans surcoût ni modification de contrat.

Selon Redouane El Haloui, président de l’APEBI (Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring), le lancement de la 5G positionne le Maroc comme un hub technologique international. «Cette étape place le pays sur la carte mondiale de la connectivité avancée, tout en ouvrant la voie à de nouvelles opportunités économiques», explique-t-il.

Pour M. El Haloui, la 5G représente un levier stratégique à la fois technique et économique: elle permettra d’augmenter significativement les volumes de données échangées et d’améliorer la productivité des entreprises. «Les utilisateurs gagneront du temps, ce qui se traduit directement par un gain économique. La rapidité des échanges, la sécurité des données et l’efficacité des solutions cloud offriront un confort de travail inédit», ajoute-t-il.

Il souligne également que les PME marocaines figurent parmi les premiers bénéficiaires de cette mutation. Grâce à une infrastructure nationale déjà robuste, «les petites et moyennes entreprises pourront renforcer leur compétitivité, vendre des solutions plus performantes et accroître leur efficacité technique et financière».

Le président de l’APEBI insiste sur les effets d’entraînement que la 5G pourrait générer dans divers secteurs: mobilité urbaine, transport intelligent, gestion des données, logistique, santé et éducation. «Tous ces domaines tireront parti de la connectivité accrue, d’une meilleure réactivité et d’une plus grande sécurité dans la circulation des informations», note-t-il.

De fait, la 5G est appelée à jouer un rôle central dans le développement du cloud computing, de l’Intelligence artificielle et de l’Internet des objets (IoT), consolidant le Maroc dans son ambition de devenir un pôle régional d’innovation numérique.

Des interrogations sur la protection des consommateurs

Toutefois, cette transition technologique suscite également des questions de régulation et de protection des consommateurs. Bouazza Kharrati, président de l’Association marocaine des droits des consommateurs, appelle à la vigilance: «Si des changements de tarifs venaient à être introduits, les contrats devraient être révisés pour l’ensemble des abonnés. Dans le cas contraire, cela reviendrait à une modification unilatérale, assimilable à une pratique de position dominante», prévient-il.

Cette mise en garde intervient alors que la libéralisation du très haut débit mobile risque de redéfinir les rapports entre opérateurs et usagers, notamment en matière de transparence tarifaire et de qualité de service.

L’entrée du Maroc dans la 5G dépasse la seule dimension technologique: elle traduit une ambition économique et stratégique. En facilitant la circulation des données et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires, cette avancée pourrait soutenir les objectifs du pays en matière d’industrie 4.0, de digitalisation des services publics et d’attractivité des investissements étrangers.

Pour Redouane El Haloui, «la dynamique enclenchée par la 5G sera un accélérateur pour l’ensemble de l’écosystème numérique marocain». Si les opérateurs maintiennent un cadre tarifaire équitable et des infrastructures solides, le Maroc pourrait, dans les prochaines années, s’imposer comme l’un des leaders africains du numérique intelligent.

Par Mouhamet Ndiongue
Le 11/11/2025 à 10h03