Vidéo. "L7sla": à la rencontre des jeunes de Hay Mohammadi, un film de Sonia Terrab

khalil Essalak

Le 18/10/2020 à 10h26

Vidéo"L7sla" ("L'Impass"e), tel est le titre du dernier film de Sonia Terrab, qui sera diffusé sur 2M ce dimanche 18 octobre à 21h50. Dans ce documentaire, la jeune réalisatrice explore le passé et le présent du Hay Mohammadi à travers sa jeunesse. Le360 a rencontré Sonia Terrab, elle nous en parle.

Aujourd’hui, si les anciens se remémorent avec nostalgie et fierté le passé glorieux du Hay, pour les plus jeunes, H&M (le surnom de Hay Mohammadi) "n’est plus qu’une périphérie pauvre de la métropole casablancaise où les âmes s’entassent et les rêves se brisent sur l’autel de la misère", explique Sonia Terrab. En somme, c'est "L7sla".

"L7sla", ou "L’impasse", c'est aussi une des chansons cultes du groupe Lemchaheb, qui connut son succès dans les années 70. 

Après avoir parlé de l’amour dans la société marocaine avec "Shakespare El Bidaoui", s’être interrogée sur la place de la parole de la femme dans l’espace public avec "Marokkiat", Sonia Terrab livre cette fois-ci un documentaire poignant sur la jeunesse marocaine avec "L7sla". Rendez-vous ce dimanche soir, 18 octobre 2020, à 21h50 pour découvrir ce documentaire, diffusé dans le cadre du programme "Des Histoires et des Hommes" sur 2M.

"Mon idée de départ était de faire un film traversé par la musique du fameux groupe marocain Lemchaheb, en particulier cette chanson, "L7sla", "L’impasse", chanson mythique des années 70 dont les paroles résonnent plus que jamais avec l’actualité, un morceau prémonitoire, visionnaire", explique Sonia Terrab.

Avec Jil Jilala et Nass El Ghiwane, Lemchaheb ont symbolisé, dans les années 70, l’âge d’or de la musique populaire marocaine, mais aussi l’âme de Hay Mohammadi. Un quartier populaire, qui était alors "le" vivier de tant d’artistes, d’écrivains, de sportifs, qui ont fait la fierté du Maroc.

"L’objectif était de partir à la rencontre de ces jeunes. Je les ai filmés pendant une année. Ce sont des jeunes marginalisés, j’ai plongé dans leur quotidien et j’ai découvert qu’ils sont fiers de leur passé, mais qu'aujourd’hui, il y a une convergence entre le passé et le présent et cette convergence, c’est le club du Raja. Autant avant, les jeunes se retrouvaient dans les chansons de Jil Jilala et Nass El Ghiwane ou Lemchaheb, aujourd’hui, c’est dans les chansons du Raja [qu'ils se retrouvent]," confie la jeune réalisatrice.

D'une durée d'une heure, ce documentaire vous plongera dans le quotidien des jeunes de Hay Mohammadi, à différents moments de leur vie, alors que chaque jour ressemble au précédent, encore et encore: le derb, du foot, de la drogue, des petits deals, le chômage, la tentation du hrig, la solidarité…

"En tournant ce film et en le diffusant sur 2M, je veux que les gens, en regardant cette jeunesse, [découvrent] la jeunesse du Hay, mais c’est [aussi] la jeunesse qu’on retrouve dans tout les quartiers populaires marocains, que les gens prennent conscience de ce qu'il se passe et qu’il n’y ait plus cette fracture entre les deux mondes. Je veux que même l’Etat et la société civile fassent quelque chose à travers l’art, la culture, parce qu’il y a des choses a faire. Il y a une urgence et il faut sauver ces jeunes», affirme Sonia Terrab.

Par Mehdi Heurteloup et Khalil Essalak
Le 18/10/2020 à 10h26