Votre album Mouachahat vient de sortir. Comment s’est déroulée votre collaboration avec le guitariste Alexandre Monterrat?
L’album Mouachahat, qui vient de sortir et que j’ai cosigné avec Alexandre Monterrat, est un projet sur lequel j’ai travaillé depuis presque dix ans. C’est un chant qui m’a toujours bercée depuis l’enfance mais en 2011-2012, j’ai découvert un livre d’un musicologue libanais contenant tous les textes de Mouachahat. J’ai commencé à travailler sur ce livre et j’ai recueilli quelques Mouachahat qui m’ont beaucoup plu, et que j’ai accompagnés avec l’oud.
Et lorsque j’ai terminé ce travail, j’ai pensé l’enregistrer mais je n’ai pas voulu le faire de manière classique, comme cela était d’usage dans le monde arabe. À savoir avec un Takht, un oud-violon et un qanoun.
J’ai voulu lui donner un autre habillement musical, c’est comme ça que j’ai envisagé un accompagnement musical différent, et j’ai pensé à la musique d’Alexandre Monterrat.
L’album est diffusé sur support CD, un médium qui est de moins en moins accessible… Pourquoi n’avoir pas pensé à le distribuer en version entièrement numérique?
Dans d’autres pays, on écoute et on édite toujours les CD. Mais chez nous, l’édition d’album sur CD a presque disparu. J’ai bien réfléchi à ce sujet bien sûr, mais comme il ne s’agit pas d’un single mais plutôt d’un album bien réfléchi et qui contient plusieurs chansons, j’ai voulu éditer un CD d’abord, puis le numériser…
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Il y a chez vous un désir de préserver le patrimoine du malhoun, en le revisitant, et une envie de vivre votre passion de chanteuse. C’est un dilemme?
Je pense la musique, je vis la musique. Je ne suis pas une simple consommatrice ou une chanteuse qui peut chanter n’importe quoi sans réfléchir à ce que je fais. C’est le cas dans ma vie, dans le chant et dans ma musique. Il n’y a pas de dichotomie, mais cela reflète mon monde, ce que je suis et ce que je pense.
Vous avez écrit un livre intitulé «En quête d’une voix». De quelle voix s’agit-il?
Quand je parle de la voix, je parle de la voie. La voix avec x, mais cette voix doit trouver un chemin. Et c’est cette voie que j’étais en train de chercher et que j’ai décrite dans mon livre. Et je crois que nous sommes toujours en quête.
Dans le fond, que recherchez-vous au juste?
Je cherche la paix, la sérénité, le bonheur, être égale à moi-même. Je cherche la vérité.
Votre manière d’interpréter le malhoun est loin de tout classicisme. Est-ce un défi personnel?
À vrai dire, je ne cherche pas à moderniser, mais plutôt à chanter ce chant et le vivre dans le temps actuel. Je veux continuer à chanter le malhoun de la manière traditionnelle qui ne répond plus à notre temps. Je veux faire vivre le malhoun avec tout ce que j’ai de moderne, avec tout ce que j’ai de nouveau pour que ce soit accessible.
À vrai dire ce n’est pas un défi. Je n’ai pas choisi le malhoun parce que je voulais être une femme qui chante un chant d’homme. Je suis tombée amoureuse de ce chant et c’est vraiment la passion et l’amour qui ont déterminé et guidé mes choix.