Les restes de l’homme préhistorique de Jebel Irhoud, nommés d’après le site marocain où ils ont été découverts, ont non seulement repoussé l’origine des homo sapiens de 100.000 ans, mais ont aussi mis en lumière le rôle central du Maroc dans l’histoire de l’humanité. Contrairement à l’ancienne théorie selon laquelle l’Afrique de l’Est était le berceau exclusif de l’humanité, ces fossiles ont montré que nos ancêtres étaient déjà dispersés à travers le continent africain il y a 300.000 ans.
Aujourd’hui, le visage de cet ancien ancêtre est révélé grâce au travail de Cicero Moraes, un expert brésilien en graphisme. Cicero Moraes a utilisé des données fournies par les chercheurs de l’Institut Max Planck pour scanner en 3D le crâne découvert à Jebel Irhoud et effectuer une approximation faciale en croisant plusieurs approches, comme la déformation anatomique. «Le visage résultant est à la fois fort et serein», a-t-il déclaré à The Mirror.
Reconstitution 3D objective, avec des éléments plus techniques, sans cheveux et en niveaux de gris. (Cicero Moraes/Pen News)
En utilisant la tomographie d’un humain moderne, il a adapté ces données pour que le crâne échantillon devienne le crâne de Jebel Irhoud et finisse par générer un visage compatible. Les données modernes ont aidé à prédire l’épaisseur des tissus mous et la projection probable du nez et des autres structures faciales.
La reconstitution a abouti à deux groupes d’images. Cicero Moraes, qui a publié son étude dans la revue du graphisme 3D OrtogOnLineMag explique le procédé: «Le visage final est l’interpolation de toutes ces données, ce qui génère deux groupes d’images, l’une objective, avec des éléments plus techniques, sans cheveux et en niveaux de gris. L’autre est artistique, avec la pigmentation de la peau et des cheveux.»
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Le média britannique rapporte que l’expert brésilien avait choisi de donner un visage d’homme au squelette parce qu’il trouvait le crâne plus robuste et masculin. Le crâne lui-même est un composite de divers fossiles, recréé en un tout que Cicero Moraes a qualifié d’«excellent et assez cohérent, anatomiquement parlant». Selon l’Institut Max Planck, les restes de Jebel Irhoud présentent «un visage et des dents d’apparence moderne, mais une boîte crânienne plus archaïque».
«Concernant la transformation de la boîte crânienne au fil du temps, elle est probablement liée à une série de changements génétiques affectant la connectivité, l’organisation et le développement du cerveau», a partagé l’institut. Dans une même déclaration pour The Mirror, Cicero Moraes a noté des similitudes entre le crâne de Jebel Irhoud et celui de Skhul V, un autre Homo sapiens, découvert en Israël et datant d’environ 180.000 ans plus tard.
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Les premiers fossiles de Jebel Irhoud, découverts dans les années 1960, avaient été initialement estimés à 40.000 ans. Ce n’est que dans les années 1990 que leur âge a été réévalué à entre 100.000 et 200.000 ans, avant que des techniques nouvelles révèlent en 2017 qu’ils datent en réalité de 300.000 ans.
Toujours selon The Mirror, Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue à l’Institut Max Planck, a déclaré à l’époque: «Nous pensions que le berceau de l’humanité se trouvait en Afrique de l’Est il y a 200.000 ans. Mais nos nouvelles données révèlent que les Homo sapiens étaient déjà dispersés sur tout le continent africain il y a environ 300.000 ans.»
Cette découverte place le Maroc au cœur de l’histoire de l’humanité. Les restes de Jebel Irhoud sont les plus anciens membres de notre espèce jamais trouvés, datant d’environ 315.000 ans. En comparaison, les plus anciens fossiles trouvés à Omo Kibish en Éthiopie datent de 195.000 ans.