Deuxièmes assises des industries culturelles et créatives: un coup de boost pour la culture et l’économie

Lors de la première journée des deuxièmes Assises des industries culturelles et créatives, le 2 octobre 2024 à Rabat. (Y.Mannan/Le360)

Le 03/10/2024 à 19h26

VidéoCinq ans après une première édition marquante, les Assises des industries culturelles et créatives (ICC) ont fait leur grand retour avec davantage d’ambition et d’envergure les 2 et 3 octobre à Rabat. Sous le thème «Célébrer le patrimoine, investir le progrès», elles témoignent de la résilience et de la créativité des acteurs du secteur culturel qui ont surmonté les obstacles de ces dernières années. Retour sur l’ouverture de cette deuxième édition.

Aujourd’hui, le Maroc est prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire culturelle, un chapitre qui mettra la culture au cœur de son développement économique et social. Dans cette perspective, le rôle des deuxièmes Assises des industries culturelles et créatives est central. Son objectif principal: faire de la culture un véritable moteur de croissance économique, d’innovation et d’épanouissement pour la jeunesse marocaine. Pour ce faire, la Fédération des ICC de la CGEM et le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, organisateurs de l’évènement, ont tout misé sur le dialogue.

Avec le soutien de l’Union européenne, ces assises ont été le théâtre de discussions stratégiques et de partages d’expériences entre entrepreneurs, investisseurs, artistes et experts. L’objectif de remettre en lumière un secteur longtemps plongé dans l’incertitude a été atteint. Trois panels ont marqué la première journée de l’évènement: partenariats public-privé, financements innovants et crowdfunding et valorisation du patrimoine.

«Les industries culturelles et créatives ont un impact économique important au niveau international. Pourtant, le Maroc n’a pas encore pris les parts de marché nécessaires dans ces domaines», a déclaré Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, la culture et de la communication. «La création de nouveaux métiers et d’un cadre favorable à l’émergence des ICC est une priorité pour le gouvernement», a-t-il ajouté. Pour lui, il est crucial de créer un écosystème qui stimule les industries culturelles et réponde aux enjeux sociaux et économiques en favorisant la création d’emplois.

Avec un chiffre d’affaires mondial de 300 milliards de dollars pour les ICC, Mehdi Bensaïd estime que le Maroc pourrait viser entre 0,5 et 1% de ce marché d’ici 2030, un objectif réalisable selon lui, qui ferait franchir au Maroc un cap important.

«La première attente de ces assises est de créer de la confiance et du dialogue, car c’est ensemble que nous pouvons faire avancer les choses» a déclaré Neila Tazi, présidente de la Fondation des industries culturelles et créatives. «Nous avons un secteur très prometteur qui, malgré les nombreuses difficultés, a enregistré des succès nationaux et internationaux» a-t-elle précisé, en soulignant la nécessité de renforcer les partenariats public-privé pour aller de l’avant.

Le secteur culturel, souvent perçu comme «associatif» et non comme une industrie, a une réelle vocation économique, a-t-elle rappelé. «Nous devons changer cette image. Les ICC ont un impact significatif sur l’emploi et l’économie sociale du pays» a-t-elle affirmé. Grâce à ces assises, elle espère que la perception des industries culturelles évoluera pour refléter leur contribution au développement économique du Maroc.

Les premières assises, en 2019, avaient abouti à 21 recommandations, mais les efforts du secteur avaient été freinés par la pandémie. Toutefois, selon Neila Tazi, le secteur a su se relever, voir revenir encore plus fort. «Entre 2019 et 2023, nous avons observé une augmentation significative de 33 % du nombre d’entreprises déclarées et une hausse de 20 % des emplois créés», partage-t-elle. Cette dynamique montre que les ICC ont un fort potentiel économique, qui pourra être exploité davantage dans les années à venir.

Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’Union européenne au Maroc, a quant à elle souligné le rôle stratégique des industries culturelles dans le rapprochement des peuples et la construction de ponts entre les cultures. «Le secteur culturel est stratégique, car il rapproche les peuples, construit des ponts, favorise le respect et promeut la compréhension, surtout dans le contexte actuel de crises mondiales», a-t-elle insisté.

Elle a également souligné l’importance de cadres juridiques et administratifs solides pour le développement des entreprises culturelles, tout en appelant le secteur privé à investir davantage pour accompagner la croissance de ces industries. «L’UE soutient activement ce secteur, grâce à la vision du roi Mohammed VI, en tant que vecteur de développement économique, notamment pour l’emploi des femmes et des jeunes, qui représentent d’ailleurs 50% des effectifs dans les ICC», a rappelé Llombart Cussac.

Pour l’ambassadrice de l’Union européene au Maroc, c’est un partenariat gagnant-gagnant. «Au delà du dialogue et du rapprochement, cette coopération nous permet de solidifier les liens entre l’Union européenne et le Maroc. L’objectif est un avenir où la jeunesse jouera un rôle fondamental», conclut-elle, réjouie.



Par Ryme Bousfiha et Yassine Mannan
Le 03/10/2024 à 19h26