L’écrivain Fouad Laroui a été chargé par la maison d’édition Langages du Sud de rédiger les textes du beau-livre «Des chevaux et des hommes, l’art de la Tbourida». Après avoir d’abord été réticent, ce mathématicien de formation a fini par accepter en se remémorant la belle ambiance qui régnait au Moussem de Moulay Abdellah, à El Jadida, la ville où il a grandi. Il en parle dans cet entretien pour Le360.
Le360: le beau-livre «Des chevaux et des hommes, l’art de la Tbourida» est sorti. D’où vous est venue l’idée de réaliser un ouvrage sur le monde équestre?
Fouad Laroui: j’ai grandi à El Jadida. Et de ce fait, je me rendais souvent au Moussem de Moulay Abdellah, l’un des plus grands Moussems du Maroc. J’étais petit et je ne saisissais pas tout ce qu’il s’y passait. L’année dernière, la Société royale d’encouragement du cheval (SOREC) a voulu éditer un beau livre sur «Tbourida». La maison d’édition Langages du Sud qui a répondu à l’appel à projets m’a contacté pour écrire les textes.
Ma première réaction a été de leur dire que je n’étais pas un expert et que je n’étais pas du tout spécialiste dans l’art de la Tbourida. Ils m’ont répondu que vu que j’avais grandi à El Jadida, j’étais imprégné par le Moussem et je pouvais bien me charger de la rédaction des textes.
J’ai fini par accepter, mais avant je suis allée à El Jadida rencontrer les mqadems de cet art, je me suis également plongé dans des livres historiques, dans l’anthropologie. J’ai vraiment travaillé à rassembler toutes les informations dont j’avais besoin avant de me lancer dans la rédaction des textes.
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En général, les beaux-livres misent sur les photos d’illustration et négligent le texte sous prétexte que ce sont des ouvrages qu’on pose sur sa table à café. En anglais d’ailleurs on les appelle des «Coffee Table book».
Mais cet ouvrage est très différent. Les photos ont été prises par deux artistes, elles sont extraordinaires. Et pour ce qui est des textes, j’ai fais en sorte de mettre en valeur le volet anthropologique et spirituel. La relation entre le cavalier et son cheval est en effet très spirituelle.
Quelle a été la part du référentiel anthropologique dans la rédaction de cet ouvrage?
Il faut savoir que Tbourida est loin d’être purement folklorique. Ce que les gens voient, c’est à peine 10% de la signification réelle et approfondie de la Tbourida. L’histoire et l’anthropologie nous apprennent que la Tbourida est un art de guerre. C’était un exercice de guerre avant de devenir du divertissement. Aussi, de l’art de la Tbourida ressort également le concept de la noblesse du comportement, de l’attitude. Il y a donc eu une évolution. C’est pour cela qu’il est très important d’observer cet art à travers l’histoire.
Le livre est un mélange entre le texte et la photographie. Comment voyez-vous cette relation entre l’écrit et le visuel?
La maison d’édition Langages du Sud et la SOREC ont fait un excellent travail, en sachant qu’il y avait beaucoup de contraintes. Les photos étaient très belles et mon texte ne devait pas être en contradiction avec les images. Plus que cela, le feeling transmis à travers l’image devait être transmis également et à l’identique à travers les textes.