Quelle autre ville qu’Asilah aurait pu inspirer une telle exposition? Avec une histoire séculaire et un rapport unique à l’art, la cité du nord se présente comme une pépinière qui a enfanté quelques-uns des grands noms de la scène artistique et picturale du Maroc, ou qui a croisé leur chemin à un moment de leur carrière, marquant leurs travaux de manière indélébile.
Mohamed Melehi, Mohamed Benaïssa, El Khalil El Ghrib, Elena Asencio, Souhail Benazouz, Mouad Yebari, Mohamed Anzaoui, Saoussan Melehi, Youness El Kharraz, Abdelkader Melehi et Narjiss El Joubari sont les noms sur lesquels s’est porté le choix de la fondation TGCC pour mettre Asilah à l’honneur, à travers leurs oeuvres respectives.
Cette exposition comme l’a souligné Meryem Bouzoubaa, présidente de la fondation, vise «à faire le lien intergénérationnel entre les artistes et à raconter le portrait de la création de la ville». «Cette ville ouverte et accueillante, lieu hospitalier où les jeunes artistes et créateurs marocains ont pu trouver le climat adéquat pour montrer leurs œuvres, naît et renaît de ses expériences artistiques dont elle s’imprègne», a déclaré Narjisse El Joubari, commissaire de l’exposition et artiste exposée, qui se définit comme une Zaïlachiya qui doit sa sensibilité à la ville des arts.
Immersion dans l’histoire artistique d’Asilah
L’exposition offre une immersion dans l’histoire artistique de la ville, emportant le visiteur dans un voyage dans le temps à travers les œuvres des artistes exposés qui, bien qu’appartenant à des univers et des générations diverses, se rejoignent dans le lien viscéral avec la cité des arts. Assilah sert ainsi de fil d’Ariane dans une redécouverte de ces artistes sous une nouvelle perspective.
Des peintures cellulosiques sur panneau de Mohamed Melehi aux installations de Saoussane Melehi, en passant par les clichés de Mohamed Benaïssa extraits du livre «Grains de peau», ou les oeuvres de Souhail Benazouz et de Mouad Yebari, Asilah se révèle lors de cette exposition, comme jamais auparavant, «la ville de tous les amours».
Dans un échange avec Le360, Elena Asencio a confié sa grande surprise à la découverte de ses tableaux exposés dans l’espace Artorium. Enseignante pendant 33 ans à l’établissement Imam Assili, où elle a vu défiler sur les bancs de l’école l’intégralité des artistes représentés dans cette exposition, elle parle d’Asilah comme d’une «évidence depuis (sa) première visite au Maroc», au terme de laquelle elle a décidé de résider dans la ville.
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«Asilah a un long et riche passé artistique, car elle a connu le tout premier festival d’arts au Maroc en 1978, un moussem culturel qui avait donné l’opportunité à plusieurs enfants, moi compris, de s’initier à l’art», déclare Mohamed Anzaoui, autre artiste exposé, qui a installé son atelier dans la ville.
«Cette exposition est, actuellement et à mon opinion, la plus importante manifestation culturelle au Maroc», conclut sans ambages le plasticien Younes El Kharraz, définissant sa participation comme le fruit d’«une expérience de presque 40 ans d’inspiration grâce à (sa) ville Asilah».