«Comment espérer atteindre le progrès et la prospérité alors que les femmes, qui constituent la moitié de la société, voient leurs intérêts bafoués, sans tenir compte des droits par lesquels notre sainte religion les a mises sur un pied d’égalité avec les hommes, des droits qui correspondent à leur noble mission, leur rendant justice contre toute iniquité ou violence dont elles pourraient être victimes, alors même qu’elles ont atteint un niveau qui leur permet de rivaliser avec les hommes, que ce soit dans le domaine de la science ou de l’emploi?»…
Ces propos inspirants, justes, porteurs d’espoir, qui plaçaient la femme au cœur du débat sociétal, sont signés par le Roi Mohammed VI, le 20 août 1999, dans son premier discours prononcé à l’occasion de la fête du trône.
20 ans plus tard, grâce à cette conviction profonde que la modernisation et l’évolution d’une société ne peuvent se faire sans les femmes, le Maroc a changé à bien des égards.
Faut-il changer les lois pour changer les mentalités ou changer les mentalités pour changer les lois? Le Maroc a tranché: la justice d’abord.
Depuis ce discours historique, des lois ont changé, des alinéas ont été abrogés, un code de la famille a été révisé, des campagnes de sensibilisation ont été menées… Au point qu’en moins d’une génération, le statut des femmes marocaines a constamment évolué vers davantage de libertés, de droits et d’autonomie.
En 20 ans, nous avons obtenu bien des acquis. Le droit de ne plus être répudiées, de pouvoir demander le divorce, le droit d’être considérée comme une adulte majeure et responsable et non comme une éternelle mineure sous tutelle, le droit de transmettre notre nationalité à nos enfants, le droit d’une femme célibataire à adopter un enfant…
Mais le temps passe, l’oubli s’installe confortablement et on se retourne de moins en moins par-dessus notre épaule pour voir le chemin accompli. On broie du noir, scotché à notre smartphone en passant d’un fait divers sordide à un autre, se lamentant en chœur sur ce pays qui part à vau-l'eau.
Aujourd’hui plus que jamais, le devoir de mémoire s’impose car nous avons depuis 20 ans toutes les cartes en main. Il ne tient qu’à nous de nous souvenir d’où l’on vient, de faire valoir notre identité, notre particularité, notre exception marocaine en suivant la voie du changement tracée il y a deux décennies de cela.
Car de femmes au foyer et spectatrices passives de nos vies, nous les femmes marocaines sommes devenues des actrices majeures du changement, quoi qu’en pensent et quoi qu’en disent les porteurs d’idées rétrogrades venues d’ailleurs qui sévissent au sein de la société et à certains hauts postes.
Eduquons nos fils pour en faire des hommes éclairés et justes et non des caricatures de machisme, éduquons nos filles pour en faire des femmes fortes et fières et non des créatures soumises et craintives. Privilégions l’éducation et la culture à la religiosité (à ne pas confondre avec la religion). Privilégions la scolarité au mariage. Investissons la sphère politique pour pouvoir enfin être dignement représentées au sein du gouvernement et des instances décisionnaires. Et rendons-nous compte une bonne fois pour toutes que le droit de vote, nous y avons droit depuis 1962, nous, les femmes.
L’heure est venue de faire des choix car nous en avons le droit et parce que le changement, c’est nous.