Le CHAN-griha de la haine

DR

ChroniqueSe voir proposer des bananes par un pays dont le peuple souffre de pénuries de produits alimentaires de base et pour qui une banane s’apparente à du caviar pour nous autres Marocains… On ne peut s’empêcher de relever le cynisme du «parolier» qui a soufflé ces mots aux tribunes algériennes.

Le 15/01/2023 à 11h03

Le sommet arabe qu’avait réussi à incarner des semaines durant la Coupe du monde au Qatar, portée par les exploits de l’équipe nationale du Maroc, est maintenant très très loin derrière nous.

Pour peu qu’on surfe encore sur cette vague de good vibes, qu’on se repasse encore les vidéos de coaching inspirantes de notre Regragui national, qu’on verse encore une petite larme en pensant à cette communion sans pareille entre peuples arabes, africains, amazighs, musulmans…, le CHAN qui a débuté jeudi soir en Algérie aura sonné la fin des festivités et enterré définitivement tous ces beaux et bons sentiments.

Après le soutien apporté par tant de supporters algériens aux Lions de l’Atlas, on était presque tenté de croire au renouveau de l’esprit khawatiste. Mais c’était sans compter sur la haine viscérale et obsessionnelle que porte au Maroc et aux Marocains le régime d’Alger.

Le Maroc, qui fort heureusement n’a pas fait le déplacement en Algérie, a été gratifié d’un chant anti-marocain scandé avec ferveur par les tribunes du nouveau stade Nelson Mandela, à Alger. «Donnez-lui des bananes. Le Marocain est un animal», ont scandé en chœur les supporters algériens. Leur équipe n’était même pas opposée au Maroc! Mais passée la stupeur, vient le temps de la réflexion à froid.

Nombreux sont ceux qui ont relevé l’ironie de la chose. Se voir proposer des bananes par un pays dont le peuple souffre de pénuries de produits alimentaires de base, et pour qui une banane s’apparente à du caviar pour nous autres Marocains… On en sourit et on ne peut s’empêcher de relever le cynisme, à l’encontre du peuple algérien, du «parolier» qui a soufflé ces mots aux tribunes. Un peu comme si on mettait dans la bouche du petit peuple français, à l’aube de la révolution, la célèbre phrase de Marie-Antoinette «donnez-leur de la brioche».

Par ailleurs, la logique alimentaire établie entre le fait de manger des bananes et celui d’être un animal nous échappe. Pourquoi un animal? Pourquoi pas un singe, ou un éléphant, qui eux raffolent des bananes? A force de se creuser la tête (pas longtemps on vous rassure), on a enfin compris la logique de ce chant élaboré: en arabe, banane rime avec hayawane. CQFD. Bon, allez, disons que côté raisonnement: peut mieux faire. Mais la trouvaille d’une rime, quand bien même celle-ci est pauvre, fait remonter un peu le niveau.

Puis, on se surprend en train de sourire en imaginant, à l’écoute de ces «chants algériens», la tête de nos Ultras, surtout ceux du Raja et du Wydad, dont les chansonniers déploient des trésors d’ingéniosité et de créativité pour écrire des chansons qui vous arrachent des larmes et vous flanquent la chair de poule. On repense aussi avec émotion à la belle énergie débordante des tribunes rouges de Doha qui ont réussi à inspirer le monde entier… Non, ça n’est pas donné à tout le monde, assurément, de décrocher la palme des meilleurs supporters au monde. Pour la peine, 1-0 pour le Maroc en matière de paroles et d’état d’esprit. Algérie: ensemble très fragile.

Les supporters ont-ils scandé ces paroles de haine par conviction ou par obligation? C’est la question que certains se posent, voulant encore croire à l’idéal du khawatisme, que chantent d’ailleurs nos Ultras, portés par un élan de solidarité et de fraternité qui de plus en plus perd de son sens. Si l’on considère qu’au Maroc comme en Algérie, les chants des tribunes sont le reflet d’une réalité sociale, aussi dure soit-elle à accepter par les autorités du pays, alors dans ce cas, nous autres Marocains ferions mieux de revoir notre copie. 40.000 personnes qui nous traitent en chœur d’animaux, ça donne à réfléchir. Et si d’aventure cette foule avait été manipulée par le régime en place, représenté par le tandem furieux Tebboune-Chengriha, nous n’en sommes pas mieux lotis et savons désormais à quoi nous attendre.

Une question toutefois reste, elle, en suspens. Que se serait-il passé si le Maroc avait fait le déplacement? Aurions-nous eu droit à ce même accueil au stade Nelson Mandela? Espérait-on que la cérémonie dégénère en bataille rangée entre supporters? Au vu de la mise en scène déployée ce jour-là, il y a fort à parier que notre absence était bien préméditée et souhaitée afin de pouvoir asséner en toute tranquillité ce coup de griffe, aussi risible que pitoyable. Malheureusement pour l’Algérie, en agissant de la sorte, c’est par sa lâcheté qu’elle s’impose. Quand le lion n’est pas là, le fennec chante.

Venons-en maintenant à l’homme par qui vient le scandale, le rejeton du clan Mandela, Zwelivelile Mandela, dont personne ne veut, pas même sa famille. Qu’aurait dit son grand-père, le grand Nelson, dont l’Algérie a attribué le nom à ce nouveau stade qui a mis vingt ans à sortir de terre et où se déroule le CHAN? Lui qui avait fait appel au Maroc en lui demandant de l’aide dans les années 1960 et auquel le Maroc avait répondu favorablement en formant ses soldats et en lui offrant les 5.000 livres demandées pour sa lutte armée. Mandela, qui avait d’ailleurs rendu un vibrant hommage au Maroc, à son Souverain et au Docteur Abdelkrim Khatib, ministre des Affaires africaines en 1961, qui avait été son interlocuteur lors de cette négociation…

Que dire de ce «discours» tenu lors de l’inauguration du CHAN, au cours duquel cette brebis égarée, qui s’est dissociée de son clan en trainant ses membres en justice, s’est faite le chantre de la libération de la Palestine? Il est vrai que nos Lions avaient mis la barre très haut en matière de rapprochement des peuples, en brandissant sur la pelouse de Doha le drapeau palestinien et en voyant ses victoires applaudies par les Palestiniens. Un soutien à la Palestine qui n’est pas nouveau dans les stades de football au Maroc, ce pays ayant déjà fait l’objet d’un hymne passionné des Ultras du Raja. Un coup dur pour la junte algérienne qui devait bien rebondir pour réaffirmer sa suprématie en matière de libération des peuples, elle qui s’est autoproclamée principal soutien et allié de la Palestine. Voici donc sa manière de surpasser le Maroc dans cet élan de fraternité…

Mais le petit-fils de Mandela ne s’est pas arrêté là, appelant même à soutenir le Polisario et à combattre l’oppresseur, autrement dit nous, le Maroc. Un appel à la guerre lancé en direct, sur la pelouse d’un championnat africain, sous les yeux des présidents de la FIFA et de la CAF. Du jamais vu. Il faut lui reconnaître ça, l’Algérie a réussi son coup pour une fois… en innovant. Mais de quelle manière… En se démarquant par cette bonne vieille haine, celle qui vous enlaidit, vous flétrit et surtout vous aveugle au point de ne pas même mesurer les conséquences de ce type d’actes.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 15/01/2023 à 11h03