Kim Kardashian, si seulement tu savais ce mal que tu fais aux Marocaines

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueFesses ultra-généreuses, taille de guêpe anormalement fine, poitrine débordante, lèvres pulpeuses, petits nez retroussés, longue chevelure noir corbeau… Si on devait dresser un portrait robot des Marocaines d’aujourd’hui, il ressemblerait à cela.

Le 16/06/2019 à 11h00

Il fut un temps où à l’école comme à l’usine, on portait un uniforme. Au-delà du fait de maintenir nos habits propres, l’idée était surtout d’instaurer une uniformisation parmi les élèves.

Cet uniforme, qu’on retire aujourd’hui aussitôt passé le pas de la porte pour mieux arborer son petit haut sexy devant ses potes, était alors une manière de gommer les différences sociales, de ne pas afficher sa caste, des signes ostentatoires de richesse ou a contrario de pauvreté et ainsi mettre tout le monde sur un pied d’égalité.

Aujourd’hui, l’uniformisation prend une autre dimension et se définit tout autrement: c’est le physique qui prend le pas sur l’habit. Si l’uniforme tend à disparaître de plus en plus des cours d’école, l’uniformisation, elle, gagne du terrain en s’attaquant maintenant au physique.

Fesses ultra-généreuses, taille de guêpe anormalement fine, poitrine débordante, lèvres pulpeuses, petits nez retroussés, longue chevelure noir corbeau… Si on devait dresser un portrait robot des Marocaines d’aujourd’hui, il ressemblerait à cela.

Mais qu’est-ce qu'il s’est passé?

Elles sont loin (déjà) les années 90. Ce temps pas si lointain pourtant où on copiait comme on pouvait, c’est-à-dire avec les moyens du bord, nos stars préférées. Celles dont on recouvrait nos murs de posters, celles auxquelles on voulait ressembler en nouant de la même manière une chemise ou en adoptant la même coiffure.

Aujourd’hui, les posters ont disparu des chambres et les murs sont désespérément vides… Pour les remplir d’images, il aurait fallu acheter des magazines, il aurait fallu lire mais ça, c’est fini. Il paraît que sous nos cieux, on lit 2 minutes par jour… Quelques accroches sur Facebook ou une série de hashtags sur instagram, et hop, on est déjà en overdose de lecture.

De la même manière que les posters d’antan ont été remplacés par des posts sur instagram, les stars, elles aussi, sont une espèce en voie d’extinction, supplantées qu’elles sont par ces influenceuses qui imposent les nouveaux diktats de la mode, de la beauté et de l’art de vivre.

Cette dictature esthétique 2.0 a envahi le monde et particulièrement notre pays où il commence à devenir ardu de parler encore de cette légendaire et ancestrale beauté marocaine.

A chaque coin de rue, dans chaque boutique, sur chaque serviette de plage, des clones de Kim Kardashian chaloupent de leurs hanches disproportionnées, leur longue crinière noire bien mises en avant.

Nos critères de beauté changent, désespérément mus vers une occidentalisation de nos traits, et surtout, pervertis par ces mêmes demandes qui témoignent d’une culture basée sur le faux, ou en langage réseau social, le fake: des cheveux kératinés, des extensions, des faux cils, des faux ongles, des faux seins, des prothèses, des injections, des lentilles… Au point qu’il en devient difficile de se distinguer les unes des autres. De savoir à qui on a affaire. De reconnaître l’autre sur une photo d’enfant. De savoir si oui ou non cet enfant ressemble à sa mère.

Dans nos rues, peu ou pas de galeries d’art, de musées, de cinémas. De rares librairies, pas de bibliothèques… Un vide intellectuel sidéral a envahi la cité, au profit d’un foisonnement de salons de beauté et de cliniques de chirurgie esthétique qui font leur beurre sur le dos d’une génération de femmes en mal de repères qui sautent le pas de la chirurgie avec une facilité consternante.

De quoi donc se nourrit ce besoin d’être quelqu’un d’autre? Pourquoi cette apologie du faux, de l’irréel gagne-t-elle autant de terrain? A quoi donc se raccroche-t-on aujourd’hui pour se construire une personnalité? Et enfin, qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui?

Autant de questions qui feraient faire à Simone de Beauvoir des saltos arrière du haut de son au-delà.

Simone qui? 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 16/06/2019 à 11h00

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D'un œil extérieure il est choquant de voir autant de lubie autour de son image au point où celle qui n'ont pas les moyens triche en mettant des fausses fasses en éponge alors que la marocaine est reconnue dans le monde pour sa personnalité qui fait d'ailleurs sa beauté, aujourd'hui la nudite la vulgarité et comme indispensable pour exister au maroc les femmes rivalisent d'etravagance corporelle mais à tous spectacle un public n'est ce pas sans ce public le spectacle n'as guère de succès. Quand le maroc auras réforme sa genre masculine la femme suivras et reprendras le chemin sans artifice .pour le moment c'est un univers très étrange et très floue .rdv dans 10 ans c'est une catastrophe pour la jeunesse marocaine avec des contradictions affolante .

Les marocaines n'ont jamais été du genre ondrogines;elles ont toujours eu des formes généreuses,de cheveux noirs et des lèvres pulpeuses. Pour le p'tit nez retroussé ,peut être pas... Et puis,quand on est une femme,qu'on vit et qu'on a vécu dans une société qui voue un grand culte à l'image et au physique,o' fait comme on peut pour être acceptée, admirée ,choisie!C'est la réalité et ça en profite à tous ceux qui profitent de ce système pervers dit influencer/euse.On a bien été élevées pour se laisser influencer...

Les Marocaines ne copient aucune Kardashian. Elles ne les connaissent meme pas. Si elles suivent des canons de la mode, ce serait plutot des stars de l'ecran turc ou a la limite des chanteuses palestino-libanaises. Mais point de bimbos occidentales. Deuxio, la nature les a dotee d'un popotin plus ou moins bien enveloppe. La mode bresilienne de refection esthetique des fesses n'a pas pris sous nos cieux. Quant aux cheveux, ils sont de naissance marrons ou noirs. Elles les portent de preference longs. Et ils sont plus faciles a entretenir aujourd'hui avec un lissage a la keratine qu'ils ne l'etaient avec des brushing a repetition. C'est ca la Marocaine avec un penchant pour des sourcils refait a la turque. Alors, Kardashian, connais pas!

le fake, le paraître priment de nos jours sur l' être et savoir-être. Têtes vides mais fesses bien pleines. Dommage qu'on copie que le paraître

Bonjour , Oui ,je me rappelle ma classe de seconde du lycée Lyautey à Casablanca ou nous avions les memes blouses ,moi ,fille de fonctionnaire et elle l'héritiére des banquiers Kettani ..Années bien lointaines désormais .. Je me demande seulement si cet idéal de beauté d'aujourd'hui n'est pas plutot celui des pays arabes ..ce qui correspond bien à cette mutation culturelle que nous vivons actuellement ..caractérisée par un désir effréné de ressembler aux Khalijis dont nous n'avons pas les moyens financiers et qui eux ,n'ont pas notre culture ..Rkia Laroui

C'est qui celle là..en manque de célébrité ?

Si vraiment ton flambeau intellectuel est Simone de Beauvoir (ou même la postmoderniste Judith Butler) alors ça m'étonne si cela esquisse les prémices d'un "Féminisme de Troisième Vague" Marocain.

Et que peut-on dire sur ces jeunes du sexe male ? aux genoux écorchés et la crinière lezardée ?sans parler de la tendence féménisée !!!

Bravo.. Tu as vraiment bien décrit la malheureuse réalité 😔👍🏻

Un pas en avant dix en arrière. Combattre pour que la femme existe en tant que créature pensante devient très difficile lorsque beaucoup d'entre elles ne veulent se résumer qu'à une grosse paire de fesses ! Consternant.... merci pour l'article malheureusement très juste.

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