«Mais pourquoi t’excuses-tu d’être ce que tu es?», m’a demandé un ami de très récente date, avec lequel j’ai ce plaisir de partager, de temps à autre, un repas fin au restau du coin. Il venait de lire le texte que j’ai publié la semaine dernière… Et en a relevé tous les défauts, mais aussi le dépassement de soi que cela m’a demandé.
Je n’ai pas su quoi lui répondre. Sauf à me lancer dans des explications tortueuses sur ce que j’ai pu traverser, dans mon cercle familial, d’abord (une Folcoche, un Etienne Lantier), puis dans un mariage qui fut tout, sauf heureux (avec un Rastignac).
J’y ai réfléchi de longues heures, hier soir, et j’ai failli vous abandonner ce jeudi. Il est déjà un peu plus de cinq heures du matin, en ce premier jour du mois de septembre 2022. Un coq chante tout près d’ici. Dans quelques instants, je vais devoir me mettre au travail, en ligne, depuis cette petite bicoque de la campagne d’Essaouira, où je me suis installée depuis à présent un peu plus d’une année.
Et en ce beau matin, une tasse de café à la main, cette promesse: je renonce définitivement à l’idée de la politique de la chaise vide. Je n’aime pas la couardise, encore moins la lâcheté, je me suis engagée avec moi-même à m’exprimer à nouveau, après de longs mois de silence (quelques cris perçants de temps à autre, certes -et toi tu l’avais bien cherché, la réactivation de mon blog, voici quelques semaines, je l’avais impérieusement demandée, pas sûre du tout encore de reprendre mes parlottes et mes indignations ici).
Certes, ce que je vous sers est qualitativement inégal et je m’en veux souvent a posteriori, parce que comme aujourd’hui je m’y prends à la dernière minute. Il manque avant tout, à ma personnalité, cet ingrédient que l’on nomme la confiance en soi. Je passe à confesse: je ne suis que doutes. Et, je l’avoue, laziness. Bosse, ma fille, tu le vaux bien.
Si comme moi tu te poses de sacrées questions sur ce que tu vaux, ou si une meute enragée t’a, comme moi, dans un passé pas si lointain, virtuellement poursuivie, la bave aux lèvres, éructant des insanités à ton propos, j’aimerais te dire deux-trois trucs.
Sois fièrement différent(e). Si tu l’es, que tu ressens ce besoin de l’exprimer, fais-le, de toutes les manières possibles. Moi j’écris, parfois imparfaitement. Et peu importe la meute, peu importent les envieux, les jaloux, les minables, les commères, les petits, les mesquins, les médiocres, les très nombreux j’ai-300-mots-de-vocabulaire-à-mon-actif-et-je-l’ouvre-quand-même-et-bien-grande…
Je voudrais réparer une injustice et si vous êtes arrivé jusqu’ici, voici un cadeau que je vous livre dans ce qui n’est pas un verbiage sans fin: j’ai dévoilé la semaine dernière, même si ce n’était pas la première fois ici, l’horrible névrose dont souffre Rastignac.
Je l’ai fait en toute conscience, même si je sais pertinemment que c’est dégueulasse. Mais à la guerre comme à la guerre, et puisque Rastignac est prêt à tout pour parvenir à ses fins, moi, je ne laisserai pas faire.
Réparons l’injustice faite, donc, et autant que je le dise publiquement, même si cela se sait déjà dans quelques cercles restreints: je suis quant à moi affreusement bipolaire. Oui, j’ai cette pathologie qui m’apporte parfois d’immenses joies, en termes de créativité, d’audaces et de colères (avez-vous déjà testé les vertus de la colère et de l’humour combinés? C’est jubilatoire).
Et, non, je ne suis pas «folle». En tout cas, pas au sens psychotique du terme, j’ai les pieds bien arrimés au sol, à tel point que les talons aiguilles ne résistent jamais à la pression que mes pieds leur font endurer -remarque je n’en ai plus une seule paire, je ne vous conseille d’ailleurs pas de marcher avec ces étranges objets sur une piste caillouteuse.
Voili, me revoilou, dans le fracas d’un média numérique, où je serai désormais là. Et bien là. Imparfaite, peut-être, mais franche du collier, assurément. Droite dans mes bottes en caoutchouc, à arroser tout ce beau monde de mes commentaires acerbes -et le gazon en face de la bicoque, aussi.