Une fin de mois passablement chargée pour le Maroc. En interne, le projet de loi de finances 2023, et de nombreux textes législatifs devant décliner bien des réformes à l'ordre du jour ou en cours. A l’international, une accélération diplomatique, dont le point d'orgue est sans conteste la délibération du Conseil de sécurité sur la question nationale des provinces méridionales récupérées.
Il est prévu à cet égard pour la fin de cette semaine l'adoption d'une nouvelle résolution de cette haute instance onusienne. L'avant-projet préparé par les Etats-Unis, suivant un usage établi, a été remis aux membres le jeudi 20 octobre. Des contacts vont se multiplier entre les uns et les autres; ils seront laborieux, mais finiront bien par dégager une mouture pouvant entraîner une décision majoritaire sans veto de l'un des membres permanents de ce Conseil.
Les regards vont se tourner vers le vote de la Fédération de Russie, qui s'était abstenue en octobre dernier. La composition actuelle de cet organe est plus favorable au Royaume que celle qui prévalait en 2021. L'Afrique du Sud -hostile depuis toujours- n'en fait plus partie; de même que la Tunisie, qui s'était distinguée par un vote d'abstention.
D'autres facteurs confortent davantage la position du Maroc. La prise de conscience, si besoin était, est générale sur l'implication de l'Algérie dans ce conflit artificiel.
Dans son rapport du 3 octobre 2022, remis au Conseil deux semaines plus tard, le Secrétaire général de l'ONU a fait référence pas moins de trente-trois fois à ce pays, la Mauritanie -autre pays voisin- n'étant mentionnée que neuf fois.
Dans un rapport identique, en octobre 2021, le pays voisin de l'est avait été mentionné neuf fois... La nature et la dimension des débats de la IVe commission de l'Assemblée générale des Nations-Unies (en charge des questions politiques et de la décolonisation) sont également à relever: le débat a mis à nu l'implication et la responsabilité du régime de la junte militaire algérienne.
Une majorité d'intervenants d'Etats membres et de pétitionnaires d'Europe, d'Amérique latine et d'ailleurs ont incriminé ce pays (sur la situation des droits humains dans les camps de Tindouf, les problèmes de malnutrition, le détournement de l'aide alimentaire, l’écosystème des trafics, la grande criminalité -l’immigration clandestine, la connexion avec des groupes terroristes au Sahel etc.).
Dans l'une de ses interventions, l'ambassadeur du Royaume aux Nations-Unies, Omar Hilale, a dénoncé «la captation d'un principe de l'ONU et son instrumentalisation pour le seul différend du Sahara marocain». Il a relevé qu'Alger, de manière pratiquement obsessionnelle, ne se focalisait que sur le Sahara marocain, alors qu'il y a pas moins d'une quinzaine de dossiers et de points précisément inscrits à l'ordre du jour de cette même institution (la Polynésie française, les îles Caïmans, les îles Salomon, les îles Pitcairn, le rocher de Gibraltar, les îles Turks et Caicos, les îles Vierges, l’île d’Anguilla, l’archipel des Malouines etc.), mettant en cause des pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis.
Enfin, il faut mettre l'accent sur la dynamique de la reconnaissance de la marocanité des provinces sahariennes, attestée par plusieurs faits: celui de pays comme l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas, et d'autres pays; celui aussi de la prééminence du plan marocain d'autonomie, qui se poursuit et s'accélère, même, comme on vient de le voir cette semaine même, avec la Belgique.
Au total, ce sont plus de 90 pays qui soutiennent aujourd’hui la première cause du Royaume, dont 23 pays africains -sur une trentaine aujourd'hui- qui ont d’ores et déjà ouvert des consulats généraux à Dakhla et à Laâyoune.
Le Maroc s'affirme comme une voix influente, prise en considération par la communauté des nations. Même lorsque le Royaume n'est pas partie prenante directe, cette influence pèse sur le déroulé de l'agenda régional.
Preuve en est la question de la participation, ou non, de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au prochain sommet arabe, prévu les 1er et 2 novembre prochains à Alger.
Le 27 septembre dernier, le ministre algérien de la Justice a remis à Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, une lettre d'invitation du Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, à Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Pour l'heure, aucune indication officielle n’a été donnée quant à un déplacement du Souverain dans la capitale algérienne. A un premier niveau, une réponse positive est à prendre en considération: elle a trait à la politique sage et visionnaire du Roi sur les relations bilatérales avec le voisin de l'est –une politique de la main tendue, la nécessité d’une fraternité et d’une solidarité des deux peuples, des appels réitérés à une normalisation…
Mais à un autre niveau, une lecture différente n'est pas à écarter: un sommet arabe, certes, mais pour quoi faire? Comment arriver à sa traduction en termes d'unité et de solidarité -ce que met en avant Alger- alors que ce même pays-hôte ne fait que nourrir de l’hostilité à l'endroit du Royaume?
Et puis quel sera l'ordre du jour?
Avec quel niveau de représentation? Autant de points décisifs pour la tenue de cette conférence régionale, et, le cas échéant, pour son succès.
En tout état de cause, ce constat: s’il est absent, le Maroc va peser sur ce sommet; s’il est présent, le Souverain sera sans conteste la vedette d'un tel rendez-vous!
Il est tout de même singulier qu'une certaine presse algérienne, proche de la junte, mène une campagne médiatique continue sur la participation du souverain.
En termes de communication, celle-ci s'emploie à tenter de pousser dans ce sens, pour que ce sommet du président Tebboune se tienne dans des conditions optimales.
Peine perdue: n'est-ce pas le Royaume qui, au final, a laissé se développer un tel tapage médiatique, polarisant sur lui les interrogations sur sa présence à un haut niveau? Les propagandistes du Palais d'El Mouradia d'Alger doivent sans doute revoir leur copie: la «com» nécessite bien d'autres paramètres...