Au mois de février 2020, lors du 33e sommet de l’Union Africaine, et alors qu’il venait tout juste d’être investi à la tête de l’Algérie, M. Abdelmadjid Tebboune s’est clairement inscrit dans la continuité de la politique algérienne concernant le Sahara marocain. Pour Alger, il y avait urgence. Il lui fallait en effet tenter d’éviter le délitement du dernier carré résiduel des 24 Etats reconnaissant encore la «RASD»… 24 sur 193 Etats membres de l’ONU, soit 88%, ne reconnaissant pas ce fantôme politique.
Pourquoi cette obstination algérienne à vouloir nier la réalité historique, politique, culturelle, religieuse et économique de la marocanité de l’ancien Sahara espagnol? Regardons les choses en face, et disons-le clairement, pour l’Algérie, la question est d’abord d’ordre psychologique. Pour trois grandes raisons:
1- les dirigeants algériens ne veulent pas reconnaître que la colonisation amputa territorialement le Maroc.
2- Ils refusent d’admettre qu’au moment des indépendances, il fut demandé à ce dernier d’entériner ces amputations en acceptant le rattachement à l’Algérie –Etat qui n’avait jamais existé avant 1962 car il était directement passé de la colonisation turque à la colonisation française–, de territoires historiquement et incontestablement marocains comme le Touat, la Saoura, le Tidikelt, le Gourara ainsi que la région de Tindouf.
3- Pour une Algérie, «enfermée» et même «enclavée» dans la Méditerranée, il est insupportable de devoir constater que le Maroc dispose d’une immense façade maritime océanique partant de Tanger au nord, jusqu’à la frontière avec la Mauritanie au sud, ouvrant de ce fait le Royaume à la fois sur le «grand large» atlantique et sur l’Afrique de l’Ouest.
Et pourtant, tout aurait pu être réglé en 1962 au moment de l’indépendance de l’Algérie, et cela, pour le plus grand bénéfice des deux pays et de tout le Maghreb.
Pour le Maroc, il était en effet clair que l'indépendance de l'Algérie allait permettre d’effacer entre «pays frères», l’ensemble des contentieux frontaliers résultant des partages coloniaux. Or, cet espoir étant déçu, Rabat fut placé face à une situation à la fois insolite et inacceptable puisqu’il lui était demandé d’entériner la perte de ses provinces de l’est tout en acceptant leur rattachement à l’Algérie, Etat créé par l’ancien colonisateur… Ayant fait en quelque sorte la «part du feu» afin de ménager l’avenir de l’union maghrébine, les autorités marocaines attendaient en échange un soutien algérien dans leur volonté de récupération du Sahara. Un espoir vite déçu...
Six ans auparavant, en 1956, quand le Maroc recouvrit son indépendance, sa souveraineté ne fut en effet rétablie que sur les deux anciennes zones des protectorats français et espagnol, plusieurs provinces du sud étant encore à récupérer.
En 1958, l'Espagne rétrocéda Tarfaya, puis Ifni en 1969, mais la question du Sahara occidental demeurait en suspens. Le 17 septembre 1974, la situation étant diplomatiquement bloquée, le roi Hassan II présenta la question à la Cour internationale de justice. Un an plus tard, le 16 septembre 1975, cette dernière fit droit aux arguments marocains. Juridiquement en position de force, et face aux manœuvres algériennes, le roi Hassan II décida alors de forcer le destin en envoyant des centaines de milliers d’hommes et de femmes reprendre pacifiquement possession de cette partie du territoire national perdue lors des partages coloniaux. Ce fut la «Marche Verte», qui débuta le jeudi 6 novembre 1975.
Depuis, à travers le Polisario, l’Algérie ne cesse de contester les droits du Maroc. Une politique relevant de l’obstination et qui menace la paix régionale tout en bloquant toute vision de développement du «grand Maghreb».