Merci Poutine!

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ChroniqueDans l’idée, un ami m’a dit: nous allons passer du masque anti-Covid au masque anti-gaz. Dans l’idée aussi, un mendiant m’a tiré le bras en me demandant malicieusement: «Chi baraka pour Okrania! (quelques pièces pour l’Ukraine)».

Le 05/03/2022 à 09h02

La guerre de Poutine a démarré au moment même où une autre guerre, contre le variant Omicron, est en train de prendre fin. La coïncidence est trop belle. Nous passons donc d’une guerre à l’autre, et surtout d’une peur à l’autre.

S’agit-il d’une simple coïncidence ou d’un calcul savamment prémédité, orchestré, et tout et tout?

En d’autre termes, est-ce que le variant omicron a attendu de voir Poutine murir son «idée» d’envahir l’Ukraine pour se décider, enfin, à s’éclipser? Est-ce que, inversement, Poutine a sagement attendu l’éclipse du méchant variant pour, enfin, se décider à lancer la guerre?

Si vous vous posez ces questions, c’est que la paranoïa s’est déjà emparée de vous. Et la paranoïa ne connait aucune limite. C’est une maladie douce, parfois furieuse, mais surtout systémique. Elle s’empare de toutes les cellules de votre corps et déforme votre mode de pensée. Tout ce qui est en face de vous devient difforme, monstrueux, suspect. Vous être le nombril du monde et le monde entier vous en veut.

Bientôt, vous allez vous imaginer que la guerre en Ukraine est une manière de nous détourner de la cherté de la vie. Poutine, à l’autre bout de la planète, s’est donc décidé à voler au secours du gouvernement Akhannouch. Il met en péril l’ordre et la sécurité dans le monde pour «endormir» les Marocains et les empêcher de sortir dans la rue.

Donc, merci Poutine!

Il nous distrait, il nous occupe, il nous détourne, il crée un problème pour nous faire oublier notre problème. A sa manière, Poutine est un précieux allié du bon vieux makhzen marocain.

Eh oui!

Dans l’idée, un ami m’a dit: nous allons passer du masque anti-Covid au masque anti-gaz. Dans l’idée aussi, un mendiant m’a tiré le bras en me demandant malicieusement: «Chi baraka pour Okrania! (quelques pièces pour l’Ukraine)». 

Plus qu’une simple allusion au danger nucléaire qui semble nous guetter, l’évocation du masque anti-gaz est une manière de sous-entendre que cette guerre est une nouvelle manip’. On nous a menti sur le Covid-19, on est en train de nous mentir avec cette nouvelle guerre. Quant à la «baraka pour Okrania», elle signifie que le cœur battra toujours pour le plus faible. L’aumône pour le pauvre devient un acte de solidarité avec «Okrania» ou David contre Goliath.

Bien sûr, il y aura toujours quelqu’un pour vous sermonner en vous expliquant que ce n’est pas contre l’Ukraine mais c'est contre l’Amérique, que Poutine lance sa guerre, et qu’il n’est pas forcément le méchant de l’histoire. Ne dit-on pas, d’ailleurs, que la guerre est le meilleur moyen pour avoir la paix?

Poutine est donc un homme de paix qui fait la guerre. Et il fait la guerre à la méchante Amérique. Merci à lui.

Tout ceci pour vous dire que cette nouvelle guerre a quelque chose d’abstrait, que l’on a du mal à saisir. On ne sait par quel bout la prendre. Il n’y est question ni de religion ni de pétrole, mais de nouvelles thématiques, qui nous échappent. L’éloignement géographique, voire culturel, rajoute à notre désarroi. C’est une guerre que l’on peut lire et retourner de toutes les manières possibles.

Mais il faut bien trouver quelque chose, un «motif», un lien, même personnel, pour nous identifier à un camp ou l’autre. Et pour nourrir, au passage, notre paranoïa sans limite.

Par Karim Boukhari
Le 05/03/2022 à 09h02