Le barrage Bin El Ouidane, situé dans la province d’Azilal, est un colosse aux pieds d’argile. Conçu pour répondre à un large éventail de besoins en eau, sa capacité de 1,2 milliard de mètres cubes en fait le deuxième plus grand réservoir du bassin hydraulique de l’Oum Errabia. Cependant, une catastrophe silencieuse s’y noue, illustrée par les niveaux d’eau qui continuent de chuter de manière alarmante.
Contacté par Le360, Ahmed Marnoun, responsable communication à l’Agence du bassin hydraulique de l’Oum Errabia, explique que le barrage Bin El Ouidane a été conçu pour répondre à plusieurs objectifs, notamment pour subvenir aux besoins d’irrigation de vastes étendues agricoles telles que le périmètre de Ben Moussa, qui couvre une superficie de 70.000 hectares, et une partie du périmètre de Tassaout, s’étendant sur 37.000 hectares. De plus, il est essentiel pour fournir de l’eau potable à plusieurs localités, y compris Béni Mellal, Afourer, ainsi que d’autres zones avoisinantes. À l’avenir, il est prévu qu’il réponde également aux besoins en eau de Souq Sebt, Oulad Ayad, Hed Bou Moussa et Dar Ould Zidouh.
Cependant, la situation actuelle du barrage est des plus préoccupantes. «Le taux de remplissage actuel ne dépasse pas 7,7%, ce qui équivaut à 94 millions de mètres cubes d’eau, contre 12% (147 millions de mètres cubes) l’année précédente. Cette diminution considérable est attribuable à la réduction des précipitations, y compris la neige, pour la sixième année consécutive», fait-il observer.
Ce responsable ajoute qu’«entre le 1er septembre 2023 et le 20 février 2024, la moyenne des précipitations dans le bassin de l’Oued Abid, qui alimente le barrage, n’a été que de 77 mm, contre 172 mm l’année précédente, marquant ainsi un déficit de 65%».
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Les conséquences de cette réduction drastique des apports en eau se font sentir bien au-delà des statistiques. Les communautés locales, dont la survie dépend de la terre, racontent une histoire de lutte et d’adaptation. «Les olives, les amandes, tout souffre de la sécheresse. L’eau se fait rare, les puits s’épuisent», confie un agriculteur, le regard inquiet tourné vers un ciel, autrefois clément. «Il y a un mois, on a constaté des coupures d’eau, ce n’était pas le cas auparavant», témoigne-t-il, illustrant le passage d’une inquiétude latente à une alarmante réalité.