Profession acteur associatif!

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Revue de presseEtre acteur associatif aujourd’hui au Maroc n’a plus rien à voir avec le dévouement dont il était synonyme auparavant. Aujourd’hui, l’acteur associatif exerce une fonction parallèle qui lui permet, sous le parapluie du bénévolat, de détourner des deniers publics, surtout les budgets sociaux. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 15/08/2024 à 22h24

Dans l’éditorial de son édition du vendredi 16 août, le quotidien Al Akhbar s’est penché sur l’engouement pour la très lucrative profession d’acteur associatif. Commerçant, instituteur, vendeur de fruits et légumes, telles sont les professions par le biais desquelles celui qui les exerce perçoit une contrepartie financière à un service effectivement rendu. Le salaire, revenu ou bénéfice engrangé, permet au professionnel de faire face aux besoins et aléas de la vie quotidienne, et d’entretenir sa famille.

Mais le fait d’ajouter à sa profession un travail associatif, non pas pour rendre des services bénévoles, mais pour démultiplier son revenu, en détournant l’argent public, est malheureusement devenu une mode au Maroc, explique Al Akhbar.

Il suffit de nouer des liens d’intérêt avec le président d’un Conseil communal, ou le directeur d’une institution publique, pour qu’un chef ou un simple acteur au sein d’une association prélève l’essentiel du budget des programmes sociaux d’aides à certaines catégories.

Cette grave dérive est matérialisée par la démultiplication de ces nouveaux professionnels du détournement, à savoir les directeurs d’association, qui essaiment désormais dans toutes les communes du pays, urbaines ou rurales. Ils se partagent en général les budgets destinés à la lutte contre l’analphabétisme ou au soutien à la scolarisation des enfants en milieu rural ou issus des catégories sociales les plus démunies.

L’argent investi en soutien aux coopératives visant à encourager l’emploi, celui du programme Awrach, ainsi que le budget dédié au soutien aux femmes rurales est également tombé dans les poches des acteurs associatifs. Pire, ces derniers sont souvent la progéniture, les épouses, les parents ou les soutiens politiques des présidents de certains conseils communaux ou hauts responsables d’institutions publiques.

Al Akhbar rappelle les dépassements qui ont été récemment mis à nu au sein du tissu associatif, en citant le cas du démantèlement et de l’emprisonnement de tout un réseau dirigé par la présidente d’une association à Fès, coupable d’avoir détourné de l’argent public consacré au soutien scolaire et à la lutte contre la déperdition scolaire des enfants.

Idem pour le programme Awrach dont une partie du financement a été détournée à travers des recrutements fictifs. Cela sans parler des aides sociales que les présidents de conseils communaux distribuent gracieusement en fonction de critères électoralistes.

Ce phénomène a atteint des proportions telles que l’on retrouve parfois un acteur associatif pour une vingtaine de personnes dans certaines communes du pays.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 15/08/2024 à 22h24