Plongée dans l’univers des cultivateurs du kif

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Revue de presseKiosque360. La culture du kif fait vivre près de 90.000 familles marocaines, selon les estimations.

Le 19/04/2014 à 00h43

Immersion dans l'univers des cultivateurs du kif. Dans son édition de ce week-end, le quotidien Annass fait un voyage au coeur d'un monde parallèle, celui de la culture du cannabis. Dans cette plongée, on apprend plein d'informations sur le cycle de la culture, qui commence pendant le mois d’avril et se termine au début du mois de juillet. Lors de sa visite au village de Amzar, le quotidien a pu consater que les habitants de la région sont prêts à payer de leur vie, pour défendre la légitimité historique de la culture du kif dans la région du Rif. D’après Ilyass Arab, vice-président de l’association Amazighe Sanhaja Rif, "il y’a un préjugé, selon lequel les cultivateurs sont riches, alors qu’en général, ils gagnent entre 10.000 et 40.000 DH annuellement. Quant à leurs enfants, qui immigrent de plus en plus dans les grandes villes, ils gagnent environ 200 DH par semaine".

Voyage au pays du kif

Le magazine hebdomadaire L’observateur nous emmène, lui aussi, dans un voyage au pays du kif. Route nationale N2, à l’entrée de Bab Taza en direction de Bab Berred. C'est à cette borne que commence la route du kif. Dans ces communes de Chefchaoun et d’Al Houceima, 90.000 familles cultivent cette plante. 48.000 d’entre eux sont recherchés ou en état de fuite. Les autres se cachent dans les champs d’une culture "illégale". Dans ce petit coin de paradis, vivent des habitants forcèment "recherchés". Leur "crime", avoir une CIN portant la lettre "R". Exaspérés par cette situation, ces agriculteurs brisent (avec prudence) le mur du silence.

L’Observateur cite un habitant du village qui a décidé de mettre fin à l’omerta. "Je ne me cache plus, je suis un agriculteur de kif, de père en fils. Cette maudite plante est notre patrimoine", assume-t-il sans complexe. Toutefois, on comprend vite que ce n’est pas le cas pour tout le monde. Plusieurs habitants ont même peur d’être recensés. Même pour l’Etat, ils demeurent invisibles. Le députée Hakim Benchemass (PAM) qui est originaire du Rif, explique en se rappelant ses années de jeunesse : "En passant devant les barrages, j’avais peur de me faire arrêter pour trafic du kif car j’avais l’immatriculation d’Al Houceima". Il conclut que "les habitants de la région du Rif vivent dans une prison sans mur. Il est temps que l’Etat enclenche une réconciliation". D'où le projet du PAM qui défend la légalisation de la culture du cannabis à des fins médicales.

Par Meriama Moutik
Le 19/04/2014 à 00h43