C’était un secret de polichinelle aujourd’hui confirmé, et surtout chiffré, par un responsable gouvernemental. La forte inflation qu’ont connue certains produits de grande consommation est en partie due aux intermédiaires et aux spéculateurs. Ils sont responsables d’au moins 25% de la hausse des prix.
C’est ce que vient d’annoncer le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Mohamed Seddiki, dans des propos rapportés par Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 2 juin. Le ministre a évoqué le sujet lors de la discussion du rapport de la mission exploratoire sur les réseaux de distribution avec les membres de la commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants.
Comme l’écrit le quotidien, Mohamed Seddiki a expliqué que les spéculateurs, en quête d’opportunités, ont provoqué 25% de la hausse des prix, et que «si aujourd’hui ils s’intéressent à la tomate, rien ne les empêche d’aller demain vers la pomme de terre». C’est pourquoi il a jugé nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire permettant de mettre de l’ordre dans l’activité des intermédiaires. Ce cadre, ajoute la même source, doit faire migrer le statut de ces acteurs vers un statut de commerçant, ce qui rendra leurs interventions sur les marchés plus transparentes.
La position affichée par le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime rejoint celle exprimée précédemment par le Conseil économique, social et environnemental. Ce dernier avait appelé à une restructuration des chaînes de distribution et à la réglementation de l’activité des intermédiaires afin de mettre un terme à la spéculation. Cela freinerait, selon la même source, l’inflation, particulièrement celle des produits alimentaires si les chaînes de distribution des produits agricoles sont mieux organisées.
Hormis le CESE, souligne Al Ahdath Al Maghribia, plusieurs voix s’étaient élevées ces derniers temps pour appeler à la lutte contre l’intermédiation entre commerçants et consommateurs, car ce sont finalement les intermédiaires qui sont les grands gagnants de l’inflation qu’ils provoquent en partie.
Pour rappel, l’indice des prix à la consommation, calculé par le HCP, a fait ressortir une inflation de 6,6% au titre de l’année 2022. Pour les trois premiers mois de 2023, il avait même atteint 9,4%, alors qu’à fin mars 2022, il n’était que de 4%. C’est dire l’ampleur du phénomène, et surtout l’urgence d’entreprendre les actions nécessaires pour le limiter, à commencer par la lutte contre la spéculation.