L’appellation TikTok est la devise de l’application Every second counts: chaque seconde compte. C’est le bruit des aiguilles d’une montre en Anglais. Des vidéos de 5 secondes à 10 minutes, avec effets spéciaux, filtres et extraits musicaux, partagées dans des listes privées ou avec tous les abonnés TikTok.
Selon Datareportal, plateforme mondiale d’analyse de données, début 2023, on comptait 33,18 millions d’utilisateurs marocains d’Internet: presque 9 Marocains sur 10. YouTube est utilisé par 21,3 millions de Marocains, Facebook par 17,3 millions, TikTok par 9,27 millions et Instagram par 8,7 millions. Pour TikTok, c’est 51,1% d’hommes et 48,9% de femmes.
Selon TikTok, les utilisateurs marocains ont 18 ans ou plus. Faux, car il n’y a aucun contrôle d’identité. Des enfants de 10 ans y ont accès! Les utilisateurs doivent avoir au moins 13 ans pour visionner et produire des vidéos, et 16 ans pour pouvoir envoyer ou recevoir des messages en direct.
Dans le monde, 63% des utilisateurs de TikTok ont moins de 24 ans, une cible vulnérable, manipulée par les publicités, par des contenus dangereux pour la santé mentale et pour l’éducation.
TikTok donne des conseils pour la création de vidéos: en produire régulièrement et surprendre, étonner, intriguer dès les premières secondes pour attirer l’attention et séduire l’algorithme.
L’algorithme est un système qui vous encourage à rester longtemps sur le réseau. Il analyse vos recherches, établit votre profil psychologique pour vous noyer de vidéos et de publicité adaptées.
Algorithme vient du nom du grand mathématicien persan Al Khawarizmi (9ème siècle) qui l’a développé. C’est un ensemble ordonné d’opérations, des étapes à suivre pour résoudre un problème. Il traduit votre langage en langage informatique qui indique à l’ordinateur chaque étape à suivre pour s’exécuter.
L’algorithme de TikTok est dangereux. Il est dénoncé pour ses effets dévastateurs sur les adolescents.
En France, une adolescente s’est suicidée après avoir publié une vidéo où elle exprimait son envie de mourir. Elle était harcelée à cause de son poids. L’algorithme lui a envoyé des vidéos sur le suicide.
TikTok propose des astuces de bricolage et différents types de tutoriels qui peuvent être utiles. Mais la facilité de lecture des vidéos courtes provoque une addiction chez les jeunes qui, au lieu de s’instruire, s’abrutissent avec des vidéos en direct, obscènes ou stupides.
Outre les dangers des prédateurs sexuels, les vidéos menacent toutes les valeurs.
Au Maroc, le contenu est souvent scandaleux: disputes en duo, en direct, dans un vulgaire inouï; des filles exposent leurs sacs signés offerts par des clients sexuels, donnent des leçons pour s’enrichir par la prostitution… Des hommes ou des femmes dans des situations ridicules: un homme assis sous la douche qui coule répète «Ana samaka» (je suis un poisson). Une fille avec un couscoussier sur la tête répète «Ana barma, ana cascasse» (je suis un couscoussier)… L’objectif? Tenir le plus longtemps possible, en direct. Les créateurs doivent cumuler 100.000 vues en 30 jours pour être rémunérés.
Lors des diffusions en direct, les spectateurs achètent, avec de l’argent réel, des cadeaux virtuels.
Certaines dénudent une partie de leur corps au fur à mesure que les spectateurs les likent. Une fille, en duo, en défie une autre de se mettre dans les yeux un produit détergeant, et elle relève le défi!
Les créateurs supplient les spectateurs, kabbisou, attakbisse, yallah, zidou, pour qu’ils leur envoient des cadeaux. Une vulgaire mendicité. Souvent, la langue est celle des pays du Golfe!
Pendant la diffusion de la vidéo, les spectateurs achètent des cadeaux virtuels, sous forme d’émoticônes animées: cœurs, fleurs, pandas… Les cadeaux apparaissent à l’écran. L’objectif est de frimer, d’entrer en contact avec le créateur et de gagner par TikTok des fonctionnalités spéciales.
Le créateur convertit les cadeaux en «diamants», monnaie virtuelle qu’il échange contre des euros ou des dollars. Quand il atteint 100 euros en «diamants», TikTok lui fait un virement bancaire, retenant 50% de la somme.
TikTok gagne 10 milliards de dollars par an !
Que retiennent les jeunes? La facilité de gagner de l’argent par tous les moyens, sans effort, sans éthique.
TikTok est interdit au Pakistan, en Afghanistan, en Jordanie, en Inde et à Taïwan.
TikToK collecte des informations sur ses utilisateurs et la loi chinoise exige des citoyens et des organisations de coopérer avec les services de renseignement.
Pour protéger leurs données personnelles et privées, le Montana (USA) l’a interdit. D’autres pays l’interdisent sur les téléphones des membres du gouvernement: Norvège, Nouvelle-Zélande, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Belgique, France et Royaume-Uni.
La législation marocaine interdit la collecte des dons sans autorisation administrative. Même les associations doivent avoir le titre d’utilité publique pour le faire. Sinon, l’auteur encourt une amende de 50.000 à 100.000 DH.
Une société anonyme peut faire appel par Internet à un financement participatif pour relier des porteurs de projets à des personnes souhaitant les financer. La société doit avoir la validation de Bank Al-Maghrib. Sinon, ses dirigeants sont passibles de 6 mois à 3 ans prison et 100.000 à 1 million de DH.
Le Congrès américain vient d’adopter une loi demandant à TikTok de couper ses liens avec sa maison-mère ByteDance et avec la Chine, sinon il sera interdit aux Etats-Unis.
À quand le tour du Maroc ?