Lancement de la Maison de la diaspora marocaine, une ONG pour accompagner les MRE de retour au pays

Conférence de lancement de la Maison de la diaspora marocaine

Le 31/01/2023 à 19h00

VidéoLe 31 janvier 2023 à Casablanca, s’est tenue la conférence de lancement de la Maison de la diaspora, une association présidée par Jamal Belahrach qui a pour vocation d’accompagner les membres de la diaspora marocaine qui font le choix d’un retour temporaire ou définitif au Maroc.

Le lancement de la Maison de la diaspora marocaine a été l’occasion de réunir une centaine d’invités de tous bords venus assister à une conférence présidée par Jamal Belahrach et à laquelle ont pris part également Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental, et Hicham Chaoudri, directeur de l’investissement au sein du ministère de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques.

L’exemple de la politique migratoire du Maroc

A cette occasion, Driss El Yazami a rappelé qu’au Maroc, «nous avons une politique de l’immigration depuis 1990 grâce à feu le Roi Hassan II». Enumérant la création la même année de la Fondation Hassan II, d’un département ministériel, d’un réseau des volontaires marocains qui a connu un dynamisme assez extraordinaire, il a noté qu’il y a eu assez rapidement des tentatives d’organisation et de contrôle de la diaspora marocaine avec les amicales.

Et de poursuivre: «Nous sommes à la veille d’un nouveau sursaut, d’une nouvelle étape dans cette politique migratoire. L’Etat marocain a une vraie politique qui est perçue à l’échelle mondiale comme pionnière, qui a donné des résultats.»

Cette politique connaît de surcroit une nouvelle impulsion grâce au discours du roi Mohammed VI en été dernier et a besoin de partenaires, d’un sursaut dans la mobilisation des compétences marocaines et des acteurs de l’immigration marocaine, en dehors de l’Etat, et à ce titre «la maison de la diaspora est une excellente initiative», a noté El Yazami.

L’intégration, un défi majeur

Rappelant la nécessité de lieux d’accueil, d’accompagnement et de suivi à destination de la diaspora, que ce soit à Casablanca ou, dans un deuxième temps, dans les régions marocaines, le président du CCME a soulevé l’importance de l’intégration des membres de cette diaspora dans la société marocaine, celle-ci n’étant pas automatique.

Ainsi, le principal enjeu à ses yeux est lié à la manière de recréer le lien entre la jeune génération et le Maroc, l’identité marocaine et les ambitions marocaines. «On se tromperait si on se disait que ce lien est automatique. C’est un enjeu que celui de renforcer ce lien entre la jeune génération et le Maroc», a-t-il souligné, estimant que cela passe par la culture, d’où la proposition de longue date du CCME, reprise par la Commission sur le nouveau modèle de développement, de création d’une agence marocaine d’action culturelle.

Comment les Marocains du monde (MDM) peuvent-ils contribuer au développement du Maroc? Une question au cœur de cette conférence, à laquelle le président du CCME a répondu que cela «passe par un déminage des représentations». En effet, a-t-il poursuivi, en accord avec Jamal Belahrach, «les Marocains du monde ont un certain nombre de fausses représentations du Maroc et le Maroc a aussi un certain nombre de fausses représentations sur sa communauté expatriée».

Au cœur des préoccupations des MDM

Ahmed Reda Chami, président du CESE, a fait quant à lui une présentation pointue sur les MDM, basée sur un rapport publié sur le site du CESE, nourri de témoignages, d’enquêtes de terrain, et de la consultation citoyenne rendue possible via le site «ouchariko.ma».

Ce rapport est centré sur quatre axes majeurs: mieux comprendre et connaître les MDM; servir mieux et renforcer la protection des droits et de la dignité des MDM; soutenir et encourager la contribution des talents expatriés au développement du Royaume; et enfin, co-construire avec les MDM des liens innovants qui démultiplient leurs succès et étendent le rayonnement du Royaume.

A juste titre, le président du CESE a rappelé un chiffre pour le moins préoccupant: 1 jeune Marocain sur 3 affirme que s’il pouvait partir, il partirait. «Ça doit tous nous questionner! Cela veut dire qu’il faut absolument qu’on améliore les conditions ici pour que les gens restent. Parce que souvent, quand les MDM se plaignent de certains services, les Marocains aussi se plaignent des mêmes services».

L’amélioration des services est donc de mise pour tous, que ce soit l’offre de soins de santé, les services administratifs et judiciaires, ou encore la corruption, principaux freins au retour des MDM, selon les chiffres présentés dans ce même rapport.

Autre chiffre qui interpelle: seul 1 Marocain sur 5 en Europe déclare lier son futur au Maroc et seul un tiers se dit «disposé à s’installer au Maroc dans les années à venir». Souhaitant en finir avec une fausse bonne idée, celle de faire revenir à tout prix au Maroc des personnes bien installées ailleurs, Chami a expliqué qu’il faut plutôt «utiliser leur savoir-faire, leur intelligence, car nous sommes dans un monde de mobilité et tout peut se faire à distance».

Et de conclure qu’«il faut favoriser l’investissement en trouvant les instruments financiers adéquats aux Marocains du monde», que ce soit un compartiment du Fonds Mohammed VI qui pourrait y être dédié, des offres développées par les banques, la réduction du coût des transferts…

Par Zineb Ibnouzahir et Khadija Sabbar
Le 31/01/2023 à 19h00