La Maison des jeunes Zerktouni, abri de créativité et refuge de longue date pour la jeunesse casablancaise

Lors d'un ateliers de dessin, l'une des activités proposées par la Maison des jeunes Zerktouni. (A. Gadrouz / Le360)

Le 08/06/2024 à 18h27

VidéoFondée en 1968, la Maison des jeunes Zerktouni se distingue comme l’un des plus anciens et prestigieux espaces culturels de Casablanca. Située sur le boulevard Zerktouni, elle a principalement accueilli les habitants de Bourgogne, de l’ancienne médina et de Maârif, devenant un véritable havre pour les jeunes de ces quartiers. Cet établissement reprend vie après une période de rénovation pour continuer à accueillir la jeunesse de la ville.

Depuis sa création, la Maison des jeunes Zerktouni n’a cessé d’évoluer, s’adaptant aux besoins et aux aspirations des jeunes qu’elle sert. «Dans les maisons des jeunes, la différence avec les autres institutions culturelles est que nous travaillons sur l’autonomisation de ces jeunes et non seulement sur leurs besoins de loisirs et de divertissement», déclare Mohamed Benhandil, directeur de la Maison des jeunes Zerktouni. «Nous accueillons un enfant dès l’âge de sept ans, et nous l’accompagnons jusqu’à l’âge adulte, s’il le souhaite. Ce processus inclut non seulement le développement des talents, mais surtout la construction de la personnalité», ajoute-t-il.

Cette approche holistique a permis à de nombreuses personnalités de se former et de se révéler. La Maison des jeunes de Zerktouni est fière d’avoir vu naître de grands noms de différents domaines, comme Abdelhadi Legdali, reconnu comme le meilleur joueur de ping-pong marocain, Abdelhak El Aiassi, ex-président de l’Amicale Hassania des magistrats, Abdelati Habek, président de la Fondation diplomatique ou encore Hassan Nafali, ancien responsable à Mawazine.

Les activités proposées couvrent un large éventail, allant des sports aux arts, en passant par des initiatives écologiques et technologiques. On y trouve des disciplines sportives comme l’escrime, le tennis de table, les boules et les échecs, des activités culturelles telles que le théâtre, la musique, l’art plastique et la poésie, ainsi que des ateliers plus récents sur le jardinage, le bricolage, le recyclage, la citoyenneté, le gaming et l’informatique.

Parmi les nombreuses salles au sein de l’établissement certaines se distinguent: la salle d’orientation, où les encadrants sont constamment à la disposition des élèves, le tout nouveau studio d’enregistrement et la scène de théâtre en plein air, récemment rénovée sur le toit du centre d’accueil des jeunes, conçu à l’époque par des architectes russes sous forme de navire, inspirés par sa proximité de la mer.

«Nous essayons de nous adapter aux tendances et de suivre les passions des jeunes, en leur laissant une certaine liberté pour créer ce qui les intéresse», explique le directeur. Cette adaptabilité a permis à la Maison des jeunes Zerktouni de rester à la page et être attrayante pour chaque nouvelle génération.

La session commence en octobre et se termine à la fin du mois de juin ou mi-juillet, laissant place ensuite aux camps d’été. Les associations éducatives et culturelles prennent alors le relais, participant à des camps et des festivals. Actuellement, la Maison des jeunes Zerktouni compte 25 associations actives, huit clubs sportifs ainsi que sept associations de musique.

Les jeunes fréquentent l’établissement principalement les mercredis après midi, le week-end et en soirée, selon leurs disponibilités. «Les enfants sont souvent là le dimanche matin pour participer aux différents ateliers culturels ou activités sportives. Les plus âgés, ayant des occupations, viennent les soirs après 18h», précise Benhandil.

L’accès à la Maison des jeunes est facilité et inclusif. «Nous accueillons tout le monde à bras ouverts et nous n’attendons rien en retour. Chaque enfant qui vient une seule fois et ne revient pas est un échec pour nous», confie le responsable. Toutes les activités sont gratuites, les seules dépenses étant les frais d’assurance symboliques et les frais d’inscription qui ne dépassent pas 50 dirhams annuellement.

Cependant, la Maison des jeunes Zerktouni fait face à des défis financiers, notamment pour le paiement des encadrants. «Nous avons besoin de sponsors pour financer les salaires des encadrants. Nos bénévoles font un travail remarquable, mais pour accueillir plus d’enfants et permettre la formation de grands groupes, nous devons recruter davantage d’encadrants rémunérés», souligne le directeur.

Ce centre continue de jouer un rôle crucial dans la formation des jeunes. «La personnalité est forgée correctement lorsque tu appartiens à un groupe. Tu reçois des avis différents, tu corriges tes erreurs. La majorité des adultes passés par une maison des jeunes réussissent dans leur vie, tant sur le plan social que financier», explique Mohamed Benhandil, directeur de l’établissement.

Avec environ une trentaine de maisons des jeunes à Casablanca, l’impact de ces institutions sur la communauté est indéniable. La Maison des jeunes Zerktouni, avec son histoire riche et ses contributions significatives, demeure un exemple éclatant de ce que ces établissements peuvent accomplir. En alliant animation et orientation, elle incarne deux mouvements essentiels pour le développement de la jeunesse et du progrès social au Maroc.

Par Ryme Bousfiha et Adil Gadrouz
Le 08/06/2024 à 18h27