C’est à Essaouira que le droit hébraïque foule pour la première fois la terre de l’Islam. Après une série de conventions pédagogiques conclues dans le cadre du rapprochement entre le Maroc et Israël, visant à «inculquer la culture de la tolérance et de coexistence», la culture hébraïque s’invite sur les bancs de l’Université. Une convention conclue mercredi à Bayt Dakira, en marge du colloque international tenu à Mogador, portant sur la thématique «l’enseignement de nos diversités au cœur de la modernité de notre société», vient en effet marquer le lancement de la «Chaire de droit hébraïque» à l’Université Mohammed V de Rabat.
Cet évènement phare, organisé conjointement par le Centre d’études et de recherche en droit hébraïque au Maroc, la Fondation Konrad Adenauer, l’Association Essaouira-Mogador, Bayt Dakira et la Fédération sépharade du Canada, se fixe pour objectifs de former des docteurs-spécialistes du droit hébraïque, et entamer des pistes de réflexions entre les jurisprudences des deux religions monothéistes. «L’histoire du Maroc ne peut se dissocier de celle de sa communauté juive», a tenu à rappeler André Azoulay, président fondateur de l’Association Essaouira Mogador.
Abondant dans ce sens, Farid El Bacha, directeur de la chaire de Droit hébraïque, a expliqué que le but derrière la codification du droit hébraïque marocain est de conférer au système juridique une cohérence intellectuelle. «Nous partageons une conviction très forte, et nous ferons de notre mieux pour donner un sens à ce partenariat», a assuré Farid El Bacha. «En saisissant le droit, l’on saisit des tranches de vie, de manière à rappeler l’identité plurielle du Maroc et la proximité entre Islam et Judaïsme», a-t-il ajouté.
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Promouvoir l’ouverture à travers la recherche tout en distillant les valeurs de tolérance et de coexistence: telle est l’ambition derrière cette alliance. «La mission de l’Université est de préparer des générations éveillées tolérantes», a affirmé Mohamed Rhachi, président de l’Université Mohammed V de Rabat. L’initiative est saluée par des académiciens, journalistes et autres acteurs internationaux qui ont fait le déplacement spécialement pour l’occasion.
«L’étude d’un aspect essentiel de la vie de la communauté juive n’est pas monnaie courante, elle l'est encore moins dans les pays arabo-musulmans», a de son côté souligné Avraham Elarar, président de la Fédération sépharade du Canada.
Cette séance a également été marquée par la présentation d’un club de tolérance au lycée Akensous à Essaouira de chants mettant en avant ces valeurs universelles et l’identité plurielle du Royaume.