Irrigation: Berrechid et Nouaceur recourent aux eaux usées

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Revue de presseKiosque360. Le retard des pluies pousse les agriculteurs de Berrechid et Nouaceur à irriguer leurs parcelles agricoles avec des eaux usées, au vu et au su des autorités locales.

Le 10/03/2020 à 21h12

Les ONG et associations civiles de Berrechid tirent à nouveau la sonnette d’alarme et font état du danger environnemental qui plane sur les citoyens, face à l’augmentation du nombre d’agriculteurs qui, dans les régions de Ouled Ben Salah (province de Nouceur) et Assylate (province de Berrachid), recourent aux eaux usées déversées par la station d’épuration de Berrechid. 

Il s’agit, en substance, d’un flux hydrique détourné à des fins d’irrigation des parcelles agricoles, particulièrement de celles réservées aux cultures céréalières et/ou fourragères, nous apprend le quotidien arabophone Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 11 mars. Pire, certains agriculteurs y recourent pour assurer l’irrigation des cultures maraîchères, voire pour nourrir le bétail. Une pratique justifiée par le retard des précipitations pour l’année en cours, mais qui menace la sécurité alimentaire et le développement durable de l’agriculture dite vivrière.

Le pompage des eaux usées vient s’ajouter à une série de pratiques frauduleuses assez courantes. Une réalité rapportée par le média casablancais après une visite sur le terrain, à proximité de la route provinciale N3042 entre Berrichid et Sebt Laassilat et sur la N3011 menant vers Had Soualem. Tout au long des canaux de drainage permettant d’évacuer l’eau en provenance de la station de Berrechid, les dégâts environnementaux sont considérables. Cette région est, en effet, le lieu de concentration d’une dizaine de pompes hydrauliques modifiées qui fonctionnant à l'essence ou au gaz et pompent l’eau en continu sur le canal principal, au vu et au su de tout le monde. 

Dans les provinces de Berrechid et Nouaceur, l’exploitation des sources usées à des fins d’irrigation de terres agricoles profite ainsi du laxisme des autorités censés, en principe, veiller à préserver la santé des citoyens. D’ailleurs, cette situation ne date pas d’hier. 

Selon les sources contactés par Al Akhbar, les services provinciaux de Berrechid et Nouaceur sont donc au courant des pratiques frauduleuses mais ne bougent pas le petit doigt. En l’absence d'une mobilisation des autorités compétentes pour endiguer ce phénomène, ce fléau pourrait porter atteinte à la qualité sanitaire des produits alimentaires, des viandes rouges et des produits laitiers et dérivés. Or, l’office national de la sécurité sanitaire pour les produits alimentaires n’a toujours pas pris de mesures préventives.

Ce laxisme ambiant laisse supposer que les autorités ne sont pas préoccupées par le danger qui guette la région de Oulad Hriz, connue pour la vente de viandes rouges et devenue, depuis peu, l'une des destinations privilégiées des agriculteurs spécialisés dans la culture fourragère. Mais les cultures y sont irriguées par des eaux contenant des substances toxiques telles que le plomb ou le mercure.

Par Khalil Ibrahimi
Le 10/03/2020 à 21h12