Safi s’est réveillée ce lundi 15 décembre sous le choc. Au lendemain des pluies diluviennes qui ont frappé la province dimanche 14 décembre, le bilan humain est de 37 morts et 14 blessés, selon les autorités. Dans l’ancienne médina, au port et aux abords des remparts, les traces du déluge sont encore visibles. Eau, boue, roches et débris ont tout emporté sur leur passage, laissant derrière eux une ville meurtrie et des habitants traumatisés.
Artisan céramiste à Safi, Rachid Belghalia peine encore à réaliser l’ampleur des dégâts. «C’était soudain. C’est le destin. Mais les infrastructures laissent à désirer, il y a plusieurs dysfonctionnements à réparer…», confie-t-il.
Notre interlocuteur rappelle que la ville a déjà connu des épisodes similaires. «En 1996, il y avait eu des inondations. À l’époque, les portes du barrage de Sidi Abderrahmane étaient fermées, ce qui avait empêché un tel scénario. Cette fois-ci, les remparts ont été touchés, les crues ont tout emporté»
Dimanche, les pluies diluviennes se sont abattues sur la ville vers 17 heures, surprenant habitants, commerçants et visiteurs. «Il n’y avait pas que l’eau, il y avait aussi de la roche. J’ai dû sauver plusieurs personnes des crues, aussi bien des locaux que des touristes », raconte-t-il encore sous le choc.
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Des scènes de chaos se sont succédé en quelques minutes. «Ma voiture a été emportée. Un homme qui n’est pas d’ici était venu simplement déjeuner, il a vu sa voiture disparaître dans les eaux. Les gens qui mangeaient chez nous ont été pris au piège», ajoute-t-il.
Pour Abdelhadi, un autre témoin, ce drame n’a rien d’une fatalité imprévisible. «Ce qu’il s’est passé ici est une catastrophe. Depuis vendredi, il y avait déjà des crues et une grande quantité d’eau. C’est honteux qu’une ville civilisée comme Safi subisse un tel drame.»
Abdelhadi souligne que les principales victimes sont issues de l’ancienne médina. «Le déluge, quand il arrive, prend tout le monde de court. Ceux qui sont morts sont des artisans, des commerçants qui travaillaient dans l’ancienne médina», affirme-t-il.
Un autre témoin poursuit dans le même sens: «Le réseau d’assainissement est faible. Les victimes sont surtout les commerçants et les habitants de l’ancienne médina. Certaines personnes sont mortes à l’intérieur même de leurs magasins, piégées par les eaux.»
Face à l’ampleur de cette catastrophe, l’hôpital Mohammed V de Safi a mis en place un plan d’urgence, mobilisant le personnel médical, les équipements et les capacités d’hospitalisation. Plusieurs blessés ont été admis aux urgences et en réanimation, tandis que les équipes restent en alerte.
Sur le plan judiciaire, le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Safi a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de déterminer les circonstances exactes du drame et de définir les responsabilités éventuelles.
Par mesure de précaution, les autorités locales ont décidé de suspendre les cours dans l’ensemble des établissements scolaires durant trois jours. Les opérations de secours et de ratissage se poursuivent, alors que de nombreuses familles éplorées pleurent leurs proches et tentent de sauver ce qui peut l’être.
À Safi, le jour d’après est marqué par la douleur, la colère et de nombreuses interrogations. Ce drame relance avec force le débat sur l’état des infrastructures, la gestion des crues et la protection des quartiers historiques face aux aléas climatiques.





















