Samedi 16, l’ASFAR jouait contre l’OCS (Safi) au stade municipal de Kénitra. Les militaires remportent le match 1-0. Mais avant la fin de la compétition, c’est un autre match qui se jouera: des supporters vandalisent les équipements du stade, s’en prennent aux forces de l’ordre, échangent des violences à l’aide d’objets contondants…
En fin de compte 15 individus sont interpellés, dont 2 mineurs. Et retour au calme grâce au professionnalisme des forces publiques qui a su gérer cette situation explosive, nous indiquent plusieurs sources ayant suivi ce match.
Rien de vraiment nouveau chez les ultras et surtout pour les citoyens qui ont le malheur d’habiter près des stades, comme à Casablanca, et qui vivent des moments en enfer à chaque fois que leurs quartiers sont assaillis par des dizaines de milliers de supporters.
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Pour endiguer le phénomène, les autorités publiques multiplient les initiatives entre sensibilisation et législation. La dernière en date est la publication, au Bulletin officiel du 4 mars, d’un décret instaurant les commissions locales de lutte contre les violences dans les stades. Ce décret, signé par Aziz Akhannouch, porte le contreseing de ses ministres Abdelouafi Laftit (Intérieur), Abdellatif Ouahbi (Justice) et Chakib Benmoussa (Éducation nationale, préscolaire et sports).
La main haute aux gouverneurs
Ces commissions locales sont installées au niveau de toutes les préfectures et de toutes les provinces du Royaume. Elles sont présidées par les gouverneurs et comptent, parmi leurs membres, les représentants locaux de la DGSN, de la Gendarmerie royale, des Forces auxiliaires, de la Protection civile, du département des sports en plus d’un magistrat désigné par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Le texte prévoit d’associer aux réunions de ces commissions toute personne susceptible d’apporter sa contribution à leurs missions.
Ces commissions se réunissent une fois par mois et chaque fois que c’est nécessaire sur convocation du président (le gouverneur). Ces décisions sont prises par vote et à la majorité. En cas d’égalité des voix, celle du gouverneur fait la différence.
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Ces commissions ont le droit de décider, précise le décret, avant, pendant et après le déroulement des compétitions sportives et leur pouvoir s’étend donc aussi bien à l’enceinte des stades que dans les quartiers avoisinants.
À titre consultatif, elles peuvent intervenir dans la billetterie et la programmation des matchs.
Les casseurs seront fichés
La grande nouveauté qu’apporte toutefois ce décret portant création des commissions locales est désormais la possibilité d’établir des fichiers, avec identité et photos, des hooligans pour leur interdire l’accès aux stades. Le décret précise que cette procédure sera conforme aux dispositions de la législation sur la protection des données à caractère personnel. Mais sans plus.
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De sources gouvernementales, on apprend que cet aspect de la lutte contre les violences dans les stades devrait faire l’objet de textes réglementaires (décrets d’application) pour définir la ou les parties chargées de détenir et de gérer les bases de données des personnes interdites de stades. Idem pour la partie qui aura autorité pour interdire l’accès aux personnes concernées aux compétitions sportives.